Trois internes de médecine générale sur dix ont des idées suicidaires

Par
Publié le 22/03/2021
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Depuis le début d’année 2021, quatre suicides d’internes sont déjà à déplorer. Même s’il est difficile aujourd’hui d’avoir des données précises sur le sujet, les syndicats d’internes estiment que chaque année, entre 10 et 20 internes mettent fin à leurs jours. Dans une récente étude, la fondation Jean-Jaurès a estimé qu’un interne en médecine avait trois fois plus de risque de se suicider qu’un Français du même âge.

Les associations réclament des statistiques fiables sur les conditions de travail et risques psychosociaux chez les étudiants en santé. Pour autant, ces dernières années, de plus en plus d’études permettent de mesurer l’ampleur du problème. En 2016, une enquête du Conseil national de l’Ordre des médecins révélait qu’un tiers des externes et plus de la moitié des internes avaient eu un arrêt de travail dans les deux dernières années, lié dans 20 % des cas à un trouble psychique. Par ailleurs, 14 % déclaraient avoir eu des idées suicidaires. La même année, dans l’étude de l’Observatoire national de la vie étudiante (OVE) sur leurs conditions de vie, la prévalence des idées suicidaires sur les douze derniers mois pour les étudiants en médecine était de 8,8 % et 15,8 % pour l’épisode dépressif. À titre comparatif, selon le Baromètre Santé 2017, la prévalence des idées suicidaires sur l’année pour les 18-75 ans était de 4,7 %.

Passages à l’acte Depuis ces enquêtes, d’autres, réalisées surtout par les étudiants, décrivent un phénomène encore plus inquiétant. En 2017, la grande enquête sur la santé mentale réalisée par les structures jeunes (Anemf, Isni et Isnar-IMG) et des chefs de clinique (Isncca) auprès de 21 768 carabins et jeunes médecins montrait que deux tiers (66,2 %) d’entre eux souffraient d’anxiété, 27,7 % de dépression et que 23,7 % avaient déjà eu des idées suicidaires. 3,4 % déclaraient également avoir déjà fait une tentative de suicide.

Violences systémiques Et comme les évènements récents nous le rappellent tristement, la médecine générale n’est pas épargnée. En 2020, la thèse d’Amelie Jouault et Sara Eudeline, qui s’appuyait sur une enquête menée auprès de 2 179 internes de médecine générale, montrait que les violences étaient systématiques au cours des études de médecine, avec presque 100 % des sondés qui répondaient en avoir subi. Et que ces violences ont un impact sur la santé, puisque 31,4 % des IMG déclaraient avoir eu des idées suicidaires au cours de leurs études. Parmi eux, 96,5 % avaient été victimes de violences


Source : Le Généraliste