Les fédérations hospitalières en quête d'élus partenaires

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Publié le 18/06/2021
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Sans s'être impliquées formellement dans la campagne électorale, les fédérations hospitalières, publiques comme privées, rappellent aux élus locaux l'importance croissante de leur rôle dans le maillage de l'offre de soins.
Prévention, grand âge, accès aux soins : Frédéric Valletoux (FHF) invite les élus locaux à prendre toute leur part

Prévention, grand âge, accès aux soins : Frédéric Valletoux (FHF) invite les élus locaux à prendre toute leur part
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

« Nous voulons que dorénavant les territoires soient aux commandes. » Les fédérations hospitalières n'ont pas oublié cette phrase prononcée par Olivier Véran, il y a un an, au moment de conclure le Ségur de la santé. À la faveur de la campagne électorale, Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) comme Fédération hospitalière de France (FHF) ont émis des propositions à destination des futurs élus départementaux et régionaux.

Souvent prompte à s'émouvoir de la partialité des autorités publiques locales, la FHP entend « faire émerger une démocratie territoriale de santé vivante et partagée, qui reconnaisse davantage le rôle des élus et implique les collectivités territoriales dans la définition des priorités de santé ». S'agissant des cliniques, la FHP voit dans les conseillers départementaux et régionaux des partenaires puissants pour renforcer l'attractivité des métiers du soin alors que « 10 % des emplois sont vacants ». Grâce à une « stratégie partenariale entre établissements de santé et collectivités », elle estime à 100 000 le nombre d'emplois qu'il serait possible de créer.

Alors que 19 milliards d'euros d'investissements ont été programmés par le Ségur dans les territoires, la FHP espère « bâtir aux côtés des départements et des régions les projets de santé de demain ». Et prône surtout « l'équité de traitement entre tous les acteurs » dans l'allocation de cette manne. Enfin, les cliniques se disent prêtent à travailler avec les élus pour améliorer l'offre de soins à travers « la télémédecine, l'aide à l'installation des jeunes, la création de maisons et de centres de santé de proximité. »

Pied dans la porte

Bien que les questions sanitaires ne figurent pas au cœur des compétences des collectivités, Frédéric Valletoux, président de la FHF, voit « de multiples portes d'entrée » pour les élus. Prévention, grand âge, accès aux soins, le responsable adresse un message très clair aux futurs conseillers. « Vous avez les moyens de prendre part au fonctionnement du système de santé, mettez le pied dans la porte ! »

La FHF rêve de faire de l'échelon territorial celui où se décline efficacement la politique sanitaire. Cet objectif passe par un renforcement de la place des élus dans les instances de décision. Ainsi, les conseils de surveillance des ARS devront se transformer en véritables conseils d'administration dans lesquels les conseillers départementaux et régionaux auraient une place garantie.

Il appartient aussi aux assemblées régionales de s'emparer des questions sanitaires. C'est pourquoi la FHF suggère de créer systématiquement un volet santé dans les contrats de plan État-région. À la faveur de la réforme du grand âge et de l'autonomie, elle propose aussi de confier aux départements des compétences élargies en terme d'investissement immobilier et de transports. « Même si tout cela est imparfait, il faut que les élus se saisissent des prérogatives qui sont aujourd'hui les leurs », exhorte Frédéric Valletoux. La prochaine étape sera l'élection présidentielle. Avec, espère le patron de la FHF, une place accrue des élus locaux dans la gouvernance de la santé.

Martin Dumas Primbault

Source : Le Quotidien du médecin