IST

TRAQUER LE CHLAMYDIA CHEZ LES JEUNES ADULTES

Publié le 21/09/2012
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Les médecins généralistes connaissent bien les facteurs de risque, la symptomatologie et le traitement de l’IST à «?Chlamydia?». La formation doit mettre l’accent sur les nouvelles techniques de dépistage.

Alors que l’Inpes et le ministère chargé de la Santé diffusent sur leur site Internet une campagne à destination des jeunes pour dépister l’infection à Chlamydia (voir encadré E1), la synthèse d’un travail de thèse de médecine générale mené à la faculté d’Angers et publiée dans Exercer (1) révèle que les médecins généralistes connaissent bien la symptomatologie des infections à Chlamydia trachomatis (CT) et les sujets à risque, mais ils méconnaissent les nouvelles techniques diagnostiques de dépistage, la prépondérance des formes asymptomatiques et la fréquence des formes graves.

L’infection urogénitale à Chlamydia trachomatis est la première cause d’infection sexuellement transmissible d’origine bactérienne (2). Sa prévalence serait d’environ 3 % en France dans la population générale et les données épidémiologiques mettent en évidence une augmentation de cette infection depuis 1996, notamment chez les moins de 25 ans sexuellement actifs, qui peut se compliquer de douleurs chroniques (4 %), de grossesse extra-utérine (2 %) et d’infertilité tubaire (3 %) chez les femmes infectées. De fait, une récente étude de prévalence (3) montre que l’infection est plus élevée chez les 18-29 ans (3,2 % des femmes et 2,5 % des hommes). Les médecins généralistes sont des acteurs primordiaux de ce dépistage puisque selon une enquête sur la consommation des soins médicaux réalisée en 2000, plus des 85 % des Français âgés de 20 à 25 ans, ont consulté un généraliste au cours des 12 derniers mois (4).

UNE ÉTUDE QUALITATIVE MENÉE AUPRÈS DE MG

Neuf médecins généralistes femmes et sept hommes du Maine-et-Loire ont été interviewés entre février 2010 et juin 2010 par entretiens semi-directifs.

RÉSULTATS

› Les motifs de prescription des bilans d’IST correspondaient à la demande du patient, à la présence d’une IST chez le conjoint, des rapports sexuels non protégés, des comportements à risque et des symptômes évocateurs. Les principaux symptômes évoqués alors étaient les leucorrhées chez les femmes et les urétrites chez les hommes. Moins fréquemment chez la femme les dyspareunies, les douleurs pelviennes récidivantes et les symptômes urinaires à répétition. Chez l’homme, les lésions du pénis, les symptômes urinaires et les lésions anales.

›Les médecins pensaient à CT essentiellement chez les sujets jeunes. Les médecins interrogés avaient par ailleurs la certitude de sous-estimer la prévalence de cette infection. De fait, la contamination passe inaperçue chez 60 à 70 % des femmes (5).

› Concernant les méthodes diagnostiques, les MG privilégiaient le prélèvement vaginal ou la sérologie. Les méthodes actuelles simples de dépistage par test sur premier jet d’urine chez l’homme ou par auto prélèvement chez la femme étaient méconnues. Rappelons que les techniques biologiques désormais recommandées sont fondées sur des prélèvements directs (urétral chez l’homme ou endocervical chez la femme ou prélèvement du premier jet d’urine) à partir desquels des tests de biologie moléculaire avec amplification génique in vitro sont réalisés.

› Concernant la prise en charge thérapeutique, elle est conforme aux recommandations : traitement monodose par azithromycine pour le patient et son partenaire. Selon les recommandations de l’OMS, les deux antibiotiques de choix pour les infections anogénitales non compliquées sont la doxycycline (100 mg par voie orale, 2 fois par jour, pendant 7 jours, contre-indiquée en cas de grossesse) ou l’azithromycine (1 g par voie orale, en dose unique). Les autres traitements possibles sont : l’amoxicilline (500 mg par voie orale,

3 fois par jour pendant 7 jours) ou l’érythromycine (500 mg par voie orale, 4 fois par jour pendant 7 jours) ou l’ofloxacine (300 mg par voie orale, 2 fois par jour pendant 7 jours) ou la tétracycline (500 mg par voie orale, 4 fois par jour pendant 7 jours) (1).

CONCLUSION

Aux auteurs de la thèse de conclure sur la probable nécessité d’élargir le dépistage aux femmes ayant un facteur de risque (partenaire occasionnel ou plus de deux partenaires depuis un an, relations bisexuelles) et aux jeunes femmes sans diplôme. L’étude de prévalence parue dans le BEH (3) a bien montré que le facteur de risque commun dans cette tranche d’âge est le fait d’avoir eu récemment un partenaire occasionnel. Les autres facteurs de risque identifiés pour les hommes sont le fait de résider en Île-de-France ou d’avoir eu récemment un nouveau partenaire et, pour les femmes, d’avoir eu plus de deux partenaires dans l’année, des partenaires du même sexe, et d’être non diplômées. u

Synthèse bibliographique du Dr Linda Sitruk (fmc@legeneraliste.fr)

Source : lequotidiendumedecin.fr