La pédiculose du cuir chevelu, endémique dans les collectivités d’enfants, évolue parfois sur un mode épidémique. Les 6-8 ans sont les plus touchés. Sa problématique est liée à la transmission facile, aux échecs thérapeutiques répétés en partie liés à l’émergence de résistances, aux recontaminations, aux surinfections fréquentes, au non-remboursement des traitements. En France, contrairement au pou de corps, le pou de tête n’est vecteur d’aucune maladie.
DIAGNOSTIQUER LA PÉDICULOSE
Le maître-symptôme est le prurit, en particulier au niveau de la nuque, des tempes et autour des oreilles. S’y associent rapidement des lésions de grattage : excoriations suintantes, croûtes, voire impétiginisation. Il existerait 40 à 50% de formes sans prurit.
Le diagnostic est certain en présence de poux vivants (bruns-beiges, 2-3 mm, très mobiles). La présence de lentes vivantes (œufs visibles à l’œil nu, à moins de 5 mm du cuir chevelu) doit inciter à chercher les poux vivants, éléments de la décision thérapeutique. Un cuir chevelu étant parasité par « seulement » une dizaine de poux, l’utilisation d’un peigne fin rend leur repérage plus aisé et plus rapide.
ALGORITHME THÉRAPEUTIQUE
Il n’y a pas de guérison spontanée. Seule une pédiculose active (présence de poux vivants) justifie un traitement. Les traitements « présomptifs » n’ont pas lieu d’être car coûteux, irritants et sources de résistances.
- Il faut traiter rapidement le sujet parasité avec un produit à la fois pédiculicide et lenticide. Les lotions, solutions et crèmes sont plus efficaces que les shampooings. Les méthodes mécaniques (peignes antipoux mécaniques et électriques) sont insuffisamment efficaces, de même que les remèdes « traditionnels » (huile d’olive, vinaigre, huiles essentielles…). Les produits dont l’efficacité a été évaluée ne sont vendus qu’en pharmacie. Les répulsifs n’ont pas d’intérêt.
- Sont utilisés :
• Les dérivés des pyrèthres ou pyréthrinoïdes de synthèse : perméthrine, phénothrine, dépallethrine, parfois irritantes, étaient recommandés en 1re ligne jusqu’en 2014. En région parisienne, plus de 90% des souches seraient génétiquement résistantes, sans être obligatoirement cliniquement résistantes.
• Le malathion (organophosphoré) serait plus efficace, mais il est irritant, son odeur est désagréable – d’autant qu’il doit être appliqué pendant 8-12 heures – et des cas d’intoxication ont été décrits. Il ne doit pas être employé avant 2 ans ni chez la femme enceinte.
• La diméticone est un dérivé de la silicone qui recouvre et tue les poux en les asphyxiant. Elle n’est pas affectée par la résistance aux antipoux. Son rapport efficacité/innocuité en fait un traitement de première ligne.
- Chez un nourrisson de moins de 6 mois, il est recommandé de passer le peigne à poux sur cheveux mouillés 2-3 fois par jour pendant 3 semaines. Il n’est pas possible d’utiliser d’antipoux, sauf éventuellement la diméticone. Chez la femme enceinte ou allaitante, la diméticone est recommandée.
- De manière générale, les sprays sont contre-indiqués en cas d’asthme et de bronchite asthmatiforme.
- La transmission via les objets inanimés étant rare, il n’est pas utile de traiter les vêtements et la literie sauf infestation massive. Dans ce cas, les objets usuels type oreillers, doudous, peluches… doivent être lavés à au moins 50°C. Les autres objets (peignes, brosses…) doivent être enfermés dans un sac plastique pendant trois jours, durée d’éclosion des œufs et mort des larves.
- Aucun insecticide topique n’étant ovicide à 100%, un deuxième traitement à J7 est toujours nécessaire.
- Les personnes partageant le foyer et la collectivité du sujet parasité doivent être examinées à la recherche de poux et lentes, sachant que l’incubation dure 7 à 10 jours. Ils ne seront traités que s’ils sont infectés. L’éviction de la collectivité n’est pas nécessaire.
APRÈS LE TRAITEMENT
Le patient traité doit être réexaminé à J2 et J12 à la recherche de poux et/ou lentes vivants.
Il n’est pas toujours aisé de distinguer les lentes vivantes des lentes déjà écloses : vivantes, elles sont brunes, brillantes, ovales et mesurent 0,5-1 mm. Après l’éclosion, la coque vide reste fixée plusieurs mois sur le cheveu, prenant une couleur blanchâtre et s’éloignant progressivement de la racine au rythme de la pousse des cheveux ; elles s’apparentent à des pellicules mais s’en distinguent par leur résistance au lavage et le fait qu’elles ne coulissent pas sur la tige capillaire.
En cas d’examen positif à J2 (présence de poux vivants), il s’agit possiblement d’une résistance au traitement initial et il est nécessaire de changer de produit. En cas d’examen positif à J12, le patient est retraité avec le produit initial.
Dans les échecs répétés, l’ivermectine orale (400 mg/kg) pourrait apporter une solution, bien qu’il s’agisse d’une prescription hors AMM et qu’un avis médical est absolument nécessaire.
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