Un an après la publication des recommandations de bonne pratique sur la borréliose de Lyme et autres maladies vectorielles à tiques de la Haute Autorité de santé (HAS), les recommandations de 24 sociétés savantes* sont présentées ce 7 juin dans le cadre des Journées nationales d'infectiologie, à Lyon. De fait, la version finale des recommandations de la HAS n'avait pas obtenu l'adhésion des sociétés savantes qui avaient pourtant participé à leur élaboration. En cause notamment : le chapitre consacré au « syndrome persistant(e) polymorphe après une possible piqûre de tique (SPPT) ».
Saisie de la DGS
Ces nouvelles recommandations (publiées en deux volets en mai dans la revue « Médecine et maladies infectieuses ») « ont été élaborées collectivement, avec l'ensemble des disciplines concernées, dans le souci de sortir les patients de l'errance médicale et d'apporter des points de repère aux médecins », indique au « Quotidien » le Pr Pierre Tattevin, président de la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF). Elles font suite à une saisie de la Direction générale de la santé (DGS) datant de septembre 2018.
Les recommandations des sociétés savantes s'appuient en grande partie sur le travail réalisé avec la HAS, les divergences n'étant pas majeures. « C'est pourquoi nous espérions que la HAS soit à nos côtés, mais pour l'instant, elle n'envisage pas de nous suivre », déplore le Pr Tattevin.
Doxycycline en première intention
Au niveau des traitements, un changement majeur a été intégré : au vu des publications récentes et en phase avec les recommandations des pays voisins, l'antibiotique doxycycline est désormais préconisé en première intention. « Cet antibiotique a notamment l'avantage d'être efficace sur les différentes formes de la maladie et d'être actif sur d'autres pathogènes en cas de co-infections », souligne l'infectiologue.
Concernant une éventuelle forme chronique, « les études montrent que si les patients sont soignés avec les traitements recommandés, c'est-à-dire au maximum 4 semaines d'antibiothérapie, la bactérie est éliminée et ne persiste pas, même si certains patients peuvent rester symptomatiques quelque temps, notamment en cas de prise en charge tardive », explique le Pr Tattevin.
Dans 80 % des cas, les symptômes persistants polymorphes après une borréliose de Lyme documentée et supposée sont en fait dus à un autre diagnostic.
« Une partie est consacrée à la conduite à tenir pour améliorer la prise en charge de ces patients en souffrance », souligne le président de la SPILF. Il est notamment recommandé face à une symptomatologie somatique persistante d'« éviter les simplifications abusives et stigmatisantes, susceptibles d’être comprises comme "c’est dans la tête", au profit d’explications plus détaillées et surtout personnalisées ».
Des réunions de concertation en juillet
Les autres différences concernent davantage la forme que le fond : « Nous avons voulu que ces nouvelles recommandations soient concises et pratiques, avec des grades correspondant au niveau de preuve et des tableaux récapitulatifs », précise le Pr Pierre Tattevin.
Pour éviter la confusion entre les différentes recommandations, le directeur de la DGS, Jérôme Salomon, a indiqué à l'AFP que deux réunions de concertation auront lieu début juillet sur la maladie de Lyme.
* Société Française de Dermatologie (SFD), Société Française de Rhumatologie (SFR), Fédération Française de Neurologie (FFN), Société Française de Neurologie (SFN), Collège National des Généralistes Enseignants (CNGE), Collège de la Médecine Générale (CMG), Société Nationale Française de Médecine Interne (SNFMI), Société Française de Microbiologie (SFM), Collège National des Professionnels en Psychiatrie, Collège National pour la Qualité des Soins en Psychiatrie (CNPP-CNQSP), Association Française de Psychiatrie Biologique et de Neuropsychopharmacologie (AFPBN), Société de Psychologie Médicale et de Psychiatrie de Liaison de Langue Française (SPMPLLF), Société Française de Médecine du Travail (SFMT), Société Française de Cardiologie (SFC), Société Française de Pédiatrie (SFP), Groupe de Pathologies Infectieuses Pédiatriques (GPIP), Société Française de Rhumatologie et Médecine Interne Pédiatrique (SOFREMIP), Société Française d’Ophtalmologie (SFO), Société Française de Mycologie Médicale (SFMM), Société Française de Parasitologie (SFP), Collège des universitaires de Maladies Infectieuses et Tropicales (CMIT), Conseil National Professionnel – Fédération Française d’Infectiologie (CNP-FFI), Collège National des Obstétriciens et Gynécologues (CNOG), Société Française d'Étude et de Traitement de la Douleur (SFETD) et Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF).
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