Diabète et FA

Des liaisons dangereuses

Publié le 08/03/2013
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Le diabète a longtemps été reconnu comme un facteur de risque de fibrillation auriculaire (FA), ce qui a été réaffirmé par de nombreuses études. Néanmoins, le caractère complètement indépendant de la contribution du diabète dans l’apparition de ce trouble du rythme ne ressort pas de façon si évidente dans la littérature. Dans l’étude de Framingham, le diabète favorise la survenue de nouveaux épisodes de FA, avec des Odd Ratio de 1,4 chez les hommes et 1,6 chez les femmes sur un suivi de 38 ans. Dans l’étude de suivi du Manitoba, le diabète était associé à la FA avec un risque relatif de 1,82 en analyse univariée mais ce sur- risque s’atténue dans l’analyse multivariée, suggérant que ce risque chez les diabétiques dépend d’autres comorbidités (cardiopathies ischémiques, HTA, insuffisance cardiaque).

Dans l’étude Value, les patients avec un diabète récemment découvert ont un taux significativement plus élevé d’épisodes de fibrillation auriculaire avec un Hasard Ratio de 1,49 comparé aux non-diabétiques.

« Il existe donc de nombreux éléments en faveur du rôle non négligeable du diabète dans la fibrillation auriculaire, résume le Pr Jean-Yves Le Heuzey, cardiologue à l’hôpital européen Georges-Pompidou (Paris), mais les lacunes épidémiologiques et physiopathologiques sont patentes et les points d’interrogation nombreux.

Un risque thrombo-embolique accru

Quoi qu’il en soit, quand on regarde les facteurs de risque thrombo-embolique des patients en fibrillation auriculaire , tous les experts sont d’accord pour désigner le diabète. Cette pathologie est d’ailleurs incluse dans les scores CHADS2 et CHA2DS2-VASc de risque d'accident embolique cérébral chez un patient en fibrillation atriale qui permettent de décider de l’anti-coagulation.

Rappelons que, dans les mises à jour des recommandations de l’ESC 2012 sur la fibrillation auriculaire, tous les patients en FA nécessitent une anti-coagulation sauf ceux qui ont moins de 65 ans et une fibrillation auriculaire isolée. Il s’agit, le cas échéant, d’un anti-vitamine K (INR entre 2-3), voire d’un nouvel anti-coagulant oral : inhibiteur de la thrombine (dabigatran) ou inhibiteur du facteur Xa (riavroxaban ou apixaban).


Source : lequotidiendumedecin.fr