Le mois de mai marque le début du pic d’activité des tiques dans l’environnement. Que sait-on d'elles ? Quelles maladies transmettent-elles ? C’est à cette tâche que l’Inra (Institut national de recherche en agronomie) s’attelle depuis 2000, car les études récentes montrent une augmentation rapide de l’impact des maladies transmises par les tiques en Europe.
On sait qu'au niveau mondial, les tiques sont le deuxième vecteur de maladies pour l’Humain et le premier chez l’animal. On les trouve partout. À ce jour, 869 espèces sont recensées. En France, Ixodes ricinus, agent de la maladie de Lyme, est l’espèce la plus importante. Elle transmet la plus grande variété de microbes responsables de maladies (Lyme, babésiose, la bartenelose, la Fièvre Q, tularémie ou anaplasmose). Mais Ixodes ricinus n’est pas la seule tique en France. Dermacentor est présente sur la quasi-totalité du territoire, à l’exception des zones avec un climat méditerranéen, peu propice à son développement qui nécessite fraîcheur et humidité. Les tiques Rhipicephalus et Hyalomma aiment en revanche la chaleur et la sécheresse.
→ Parce que la tique est par nature un réservoir de microbes prélevés sur de nombreux animaux, la co-infection pourrait être beaucoup plus fréquente qu’on ne le pense. Une équipe de chercheurs de l’Inra a évalué la prévalence chez Ixodes ricinus de 38 agents pathogènes connus pour être transmis par les tiques. Ainsi, la moitié des tiques analysées provenant des Ardennes françaises sont porteuses d’agents pathogènes. Et parmi celles infectées, 50 % le sont par au moins deux voire cinq agents !
Dans le même but de recherche sur la co-infection, d’autres scientifiques ont exploré la piste d’autres infections microbiennes chez les malades séronégatifs pour Lyme. Une étude menée par l’unité de recherche sur les rickettsies de Marseille et des médecins généralistes a cherché à identifier les patients piqués par des tiques et séronégatifs pour le Lyme. Sur les 66 malades recensés, la moitié étaient infectés soit par des bartonelles soit par des rickettsies et certains l'étaient par les deux microbes. Ces co-infections compliqueraient les dépistages et les diagnostics cliniques, sérologiques ou moléculaires.
L’importance du phénomène de co-infection chez les tiques pourrait avoir des implications importantes pour la santé humaine et pointe la nécessité de développer de nouveaux tests diagnostiques mieux adaptés à ces maladies.
→ À ce jour, dans le cadre du plan national de prévention et de lutte contre la maladie de Lyme et les maladies transmissibles par les tiques, le Collège de la HAS devrait donner son verdict sous peu sur les conclusions du programme national de diagnostic et de soins (PNDS) élaboré notamment par la Société de pathologie infectieuse de langue française. Il servira de base à la mise en place d’un parcours gradué de soins.
1- INRA.Tiques, maladie de Lyme et autres maladies à tiques. 23/05/2018.
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