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PNEUMONIE DE L’ADULTE : LA KINÉ RESPIRATOIRE INSUFFISANTE

Publié le 10/02/2017
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Crédit photo : SPL/PHANIE

Si les pneumopathies de l’adulte sont essentiellement traitées par antibiotiques, la kiné respiratoire est parfois proposée mais elle n’a pas fait ses preuves. Le but de la kiné respiratoire est d’améliorer la fonction respiratoire et de faciliter la guérison en libérant les vies aériennes comme dans la bronchiolite ou la mucoviscidose.

Toutefois, certaines études ont suggéré que la kiné respiratoire pouvait être inefficace voire délétère en augmentant les besoins en oxygène, les bonchospasmes ou le risque de fracture costale. La kiné respiratoire est également très opérateur-dépendante. Les auteurs se sont attelés à colliger les études cliniques randomisées évaluant l'efficacité de la kinésithérapie respiratoire pour le traitement de la pneumonie chez l'adulte.

C'est dans ce contexte que six essais contrôlés randomisés évaluant 434 participants ont été scrutés par deux auteurs indépendants, dans le cadre d'une revue Cochrane (1). Les études évaluaient quatre techniques de kinésithérapies respiratoires : la kinésithérapie respiratoire conventionnelle, le traitement d’inspiration ostéopathique (contrôle musculaire, expansion costale et relâchement diaphragmatique), le cycle actif de techniques respiratoires (y compris le contrôle actif de la respiration, les exercices d'expansion thoracique et la technique d'expiration forcée) et la pression positive expiratoire.

Sans surprise, aucune de ces techniques ne réduit la mortalité. Pour trois de ces techniques, la kinésithérapie respiratoire conventionnelle, le cycle actif de techniques respiratoires et le traitement d’inspiration ostéopathique, il n'existe aucune preuve d’amélioration du taux de guérison ni d’amélioration de la radiographie pulmonaire par rapport à l'absence de kinésithérapie.

Quelques résultats positifs indiquent que la pression positive expiratoire (par rapport à une absence de kinésithérapie) et le traitement ostéopathique (par rapport à une thérapie placebo) peuvent réduire la durée du séjour à l'hôpital (de 2,02 et 1,4 jours, respectivement).

En outre, la pression expiratoire positive (par rapport à l’absence de kinésithérapie) peut réduire modérément la durée de la fièvre de 0,7 jour, et le traitement par manipulation ostéopathique (par rapport à une thérapie placebo) pourrait réduire la durée de l'utilisation d'antibiotiques de 1,93 jour. Côté tolérance, aucun événement indésirable grave n'a été rapporté.

En résumé, la kinésithérapie respiratoire ne devrait pas être recommandée en tant que traitement adjuvant pour la pneumonie chez l'adulte. Les auteurs mettent en garde sur les limites de cette revue de la littérature dans la mesure où ces six études publiées qui semblent remplir les critères d'inclusion, portent sur de petits effectifs et en attente de classification, cinq étant publiées en russe.
 

1- Yang M., Yuping Y, Yin X., Chest physiotherapy for pneumonia in adults. Cochrane Database of Systematic Reviews 2013,  DOI: 10.1002/14651858.CD006338.pub3.

Dr Muriel Gevrey

Source : lequotidiendumedecin.fr