Nadia, 58 ans, viticultrice, vient consulter pour un problème de rhinopharyngite. Profitant de cette consultation, cette dernière souhaite en savoir un peu plus sur la présence d’une lésion de type nodulaire au niveau de la conjonctive de son œil gauche (cf fig. 1). Yvonne, 66 ans, qui accompagne sa sœur, profite de cet examen pour parler d’un problème similaire au niveau de son œil droit. Cette dernière, également viticultrice, présente un voile très inesthétique au niveau de son œil droit (cf fig. 2). En fait ces deux clichés permettent de mettre en évidence deux pathologies (pinguécula pour Nadia et ptérygion pour Yvonne) secondaires à une exposition au soleil, au vent, mais également à la poussière. Ces deux entités sont des pathologies dégénératives de la conjonctive ; élément expliquant leur développement fréquent chez des personnes ayant un âge supérieur à 40 ans.
LA PINGUECULA
[[asset:image:886 {"mode":"small","align":"right","field_asset_image_copyright":["Dr P. Frances"],"field_asset_image_description":["Figure 1"]}]]› « Pinguiculus » en latin signifie gras. Il s’agit d’une lésion dégénérative élastique de la conjonctive bulbaire adjacente au limbe, ou en position nasale. Ce sont les altérations conjonctivales les plus fréquentes. La pinguécula est un épaississement bénin de la conjonctive, de couleur jaune-blanc (qui prend l’aspect d’un nodule graisseux), en rapport avec une dégénérescence hyaline du collagène sous-épithélial.
Des dépôts amorphes sous-épithéliaux sont objectivés au niveau histologique.
► Cliniquement, le diagnostic est simple car la lésion est constituée d’une formation épaissie dont la base est triangulaire (souvent orientée en dedans) et reste parallèle au limbe cornéen. La pointe se dirige le plus souvent vers l’angle de l’œil.
Le plus souvent la pinguécula est asymptomatique, et le patient n’y prête pas attention.
Cependant, dans certains cas cette lésion devient inflammatoire et des collyres corticoïdes sont prescrits.
LE PTERYGION
[[asset:image:881 {"mode":"small","align":"left","field_asset_image_copyright":["Dr P. Frances"],"field_asset_image_description":["Figure 2"]}]]► « Pterygium » en latin signifie petite aile. Cette entité se caractérise par un voile conjonctival triangulaire qui naît au niveau de la partie interne de la fente palpébrale, et se développe vers la cornée. L’aspect triangulaire lui confère une forme d’aile.
► Histologiquement, il n’y a pas de différence entre pinguécula et ptérygion. Cependant, il semble que le ptérygion provient d’une évolution de la pinguécula.
La croissance de cette formation serait favorisée par une altération de la membrane de Bowman de la cornée. Le ptérygion se développe se développe progressivement (avec sa tête grisâtre) en s’étendant progressivement vers le centre de la cornée. Cliniquement, ce dernier n’est pas symptomatique, sauf s’il existe une atteinte du centre de la cornée. On note souvent une vascularisation sur une partie ou sur la totalité de sa surface.
► Une classification en fonction de la nature de l’atteinte cornéenne a été réalisée :
– type 1 : l’extension du voile est inférieure à 2 mm sur la cornée et s’associe parfois de dépôts de fer (ligne de Stocker) sur la partie antérieure de la tête du ptérygion ;
– type 2 : l’extension sur la cornée est inférieure à 4 mm ;
– type 3 : l’axe visuel est touché.
► L’évolution du ptérygion peut perturber la motilité oculaire. Alors, le patient peut signaler une diplopie en abduction. En parallèle, on peut objectiver également un astigmatisme.
► En tout état de cause, un traitement doit être entrepris pour les lésions de type 2 ou 3. Dans ces cas, la tête et le corps du ptérygion sont excisés, et la sclère est laissée ouverte. La cornée est secondairement lissée à la fraise au diamant ou au laser excimer. Compte tenu du risque de récidive qui est élevé lors de cette intervention, on a recours à une kératoplastie. Cette dernière consiste à remplacer la membrane de Bowman pathologique par du tissu normal. Pour ce faire on effectue une autogreffe conjonctivale ou une greffe de membrane amniotique.
LE PSEUDOPTERYGION
[[asset:image:891 {"mode":"small","align":"right","field_asset_image_copyright":["Dr P. Frances"],"field_asset_image_description":["Figure 3"]}]]► Cette formation est une cicatrice conjonctivale avec des adhérences entre la conjonctive cicatricielle, la cornée et la sclère (cf fig. 3). Contrairement au ptérygion, elle peut se voir chez un patient quel que soit son âge.
► Son origine est secondaire à des lésions ou brûlures chimiques le plus fréquemment. Souvent cette lésion conduit à des troubles visuels comme une diplopie.
Dans ce cas, le traitement est chirurgical et repose sur l’élimination des adhérences, l’excision du tissu cicatriciel conjonctival et de la couverture du défect (par le biais d’une greffe conjonctivale prélevée le plus souvent au niveau temporal).
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