MALADIES RESPIRATOIRES ET VACCINATION

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Publié le 04/12/2020

Crédit photo : GARO/PHANIE

Partant du constat que les couvertures vaccinales sont globalement très insuffisantes chez les patients atteints de maladies respiratoires chroniques – celle contre le pneumocoque se situe aux alentours de 20 % et celle contre la grippe autour de 30 % –, le Groupe pour la recherche et l’enseignement en pneumo-infectiologie de la Société de pneumologie de langue française (GREPI) vient de publier, avec la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) et la Société française de microbiologie (SFM), un Guide pratique de vaccination en pneumologie. En voici certains points forts :
Les infections bactériennes (pneumocoque, Haemophilus influenzae non typable, etc.) ou virales (entérovirus, rhinovirus, adénovirus, virus respiratoire syncytial, virus grippaux influenza...) sont une cause fréquente de décompensation potentiellement irréversible d’une maladie respiratoire chronique, d’exacerbations, dans l’asthme comme dans la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Souffrir d’une pathologie respiratoire chronique confère un risque nettement majoré de grippes sévères et d’infections invasives à pneumocoque (IIP). L’incidence des IIP est multipliée par plus de 6 chez les insuffisants respiratoires chroniques et plus de 20 en cas de cancer broncho-pulmonaire. La grippe est une cause fréquente d’exacerbations d’asthme, de BPCO ou de dilatation des bronches.

Tous les patients suivis pour pathologie respiratoire chronique doivent être vaccinés annuellement par le vaccin grippal inactivé tétravalent. Cela réduit le risque d’exacerbation sévère de 59-78 % chez l’asthmatique, par exemple.

La vaccination pneumococcique réduit le nombre d’IIP de sérotypes vaccinaux. La première injection est réalisée avec un vaccin conjugué (Prevenar 13®) suivie dans un délai de 8 semaines de la seconde injection au moyen d’un vaccin non conjugué (PneumoVax® à 23 valences) afin d’élargir la couverture vaccinale sérotypique. Une revaccination par le PneumoVax® doit être proposée à 5 ans. Prevenar 20® est attendu, dans l'objectif de mieux couvrir les souches circulantes.

Le vaccin contre le zona est intéressant chez les insuffisants respiratoires (prévention des névralgies post-zostériennes), indiqué dès 50 ans chez ceux ayant contracté la varicelle, et remboursé entre 65 et 74 ans. L’incidence du zona augmente avec l’âge ainsi qu’avec l’existence d’une immunosuppression telle qu’une chimiothérapie ou une transplantation pulmonaire. Zostavax® étant un vaccin « vivant », il doit être proposé avant de débuter une éventuelle chimiothérapie ou un traitement immunosuppresseur.

Le vaccin contre Haemophilus influenzae n’a pas d'intérêt chez les insuffisants respiratoires (asthme, BPCO) car les exacerbations et infections des voies aériennes inférieures sont liées à un autre type de germe.

Sources : étude Covarisk (JNI 2020), Guide pratique de vaccination en pneumologie. Revue des maladies respiratoires. Volume 12, supplément (23 novembre 2020).

Hélène Joubert avec le Dr Elodie Blanchard, pneumologue (CHU de Bordeaux).

Source : lequotidiendumedecin.fr