La mise à disposition d’un appareil d’automesure tensionnel améliore-t-elle son utilisation auprès des médecins ? Six mois après le lancement de la campagne de prêt d’appareils d’automesure tensionnelle en janvier 2014 par l’Assurance-Maladie, une étude du DMG de Toulouse (1) a cherché à évaluer l’utilisation effective de ces tensiomètres Microlife BPA 200® par les médecins généralistes en Aveyron.
> Sur 242 médecins installés en Aveyron, 148 (61 %) avaient commandé un appareil d’AMT. Parmi eux, 137 (57 %) ont reçu de la part de l’Assurance maladie dans le cadre de cette étude, un questionnaire auto-administré qui abordait 5 grands thèmes liés aux connaissances théoriques des médecins sur l’AMT, son intérêt et l’utilisation des appareils. Au final, 84 réponses (taux de réponse de 61 %) ont été exploitées.
> « L’AMT était connue de tous » écrivent les auteurs et pratiquée par 75 % des médecins avant même le programme de l’Assurance maladie. Dans le détail, côté connaissances théorique, 42 % des médecins utilisaient la PA cible de 135/85 mmHg pour les moins de 80 ans. L’HTA blouse blanche était connue de tous, mais le concept d’HTA masquée n’était connu que dans 55 % des cas.
S’ils sont 92 % à tester l’appareil avec le patient, ils ne sont que 57 % à utiliser le recueil de la société française d’hypertension artérielle, 50 % emploient la grille de lecture des résultats selon les recommandations et près d’un tiers (32 %) zappe carrément le calcul de la pression artérielle moyenne. Les contre-indications ne sont pas bien connues : arythmie, bras trop gros ou anxiété passent à la trappe pour certains.
> Les difficultés rapportées avec l’appareil d’AMT concernaient la mauvaise compréhension des règles de mesure, le manque de motivation des patients, la douleur au gonflement du brassard, les difficultés d’utilisation du logiciel et la constatation de grandes variabilités dans les mesures.
> L’AMT a permis à 7 médecins (8 %) d’éviter l’instauration du traitement antihypertenseur par la mise en évidence d’une HTA blouse blanche. Dans ce travail, en l’absence du prêt d’un appareil, le contrôle de la pression artérielle fait l’objet d’une consultation ultérieure dans 81 % des cas voire d’une délégation à une IDE à domicile (29 % des cas) ou en pharmacie dans 32 % des cas ; 4 % des médecins ont recours à la MAPA pour confirmer une HTA prise en consultation.
> Bien évidemment, le côté déclaratif du questionnaire introduit un biais dans l’objectivité des réponses et une tentation de bien faire qui peut en fausser les résultats. Il en est de même de la sélection d’une population de médecins particulièrement « vertueuse », respectueuse des recommandations et proactive dans l’acquisition d’un appareil d’automesure. Reste néanmoins « une marge de progression » dans le diagnostic et le suivi de l’HTA responsable directement de 13 % des décès selon l’Organisation Mondiale de la Santé.
> L’intérêt théorique de l’automesure est indéniable pour dépister l’effet blouse blanche et l’hypertension masquée ainsi que dans le suivi des objectifs tensionnels. En diagnostic, elle est une vraie alternative à la technique de référence, la mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA) qui reste coûteuse et mal acceptée par les patients.
1- Le Bonheur L, Humbert X. Évaluation de l’utilisation de l’automesure tensionnelle par les médecins généralistes en Aveyron, six mois après la diffusion d’appareils par l’Assurance maladie. Exercer 2016, vol 27, 124, pages 60-1
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