Connue depuis de nombreuses années en Amérique du Nord où son incidence est en constante augmentation, l’œsophagite à éosinophiles (OE) est une maladie mieux connue et dépistée par les gastro-entérologues en France. Elle est définie par une inflammation chronique de l‘œsophage de type allergique (infiltration à éosinophiles) qui touche enfants comme adultes avec une prédisposition pour le sexe masculin (75 %).
UNE SYMPTOMATOLOGIE ÉVOCATRICE SURTOUT CHEZ L’ADULTE
Il faut savoir évoquer une œsophagite chez un patient jeune, ayant un contexte allergique, qui décrit une dysphagie souvent ancienne, fluctuante dans le temps, sans retentissement sur son état général. Il s’agit d’une dysphagie pour les mets solides allant d’une légère gêne lors du transit à une occlusion complète liée à une impaction alimentaire et pouvant durer de quelques minutes à quelques heures. Les patients mettent d’eux-mêmes au point des stratégies d’évitement en supprimant de leur alimentation les aliments secs et fibreux, en mangeant lentement, en buvant entre les bouchées, etc. Un certain nombre, environ 20 %, se plaignent aussi de dyspepsie et de pyrosis.
> Les enfants ont un spectre de symptômes plus large. Chez le tout jeune enfant, il peut s’agir de refus d’alimentation, de vomissements, de régurgitations. Chez l’enfant plus grand, la maladie se manifeste par des douleurs abdominales ou rétrosternales, des vomissements. Chez l’adolescent on observe une dysphagie, des symptômes de reflux gastro-œsophagien (RGO) et des impactions alimentaires.
> Ces patients ont généralement un terrain atopique et ce sont surtout les allergies alimentaires qui sont en cause dans le développement des OE.
L’ENDOSCOPIE ET LA BIOPSIE FONT LE DIAGNOSTIC
> L'endoscopie est indispensable. Divers aspects sont possibles et souvent associés: aspect annelé pseudo-trachéal de l’œsophage, sillons longitudinaux, dépôts blanchâtres dans 70 à 80 % des cas, sténoses dans environ 20 % des cas et, plus rarement, des décollements muqueux lors des biopsies.
La muqueuse œsophagienne étant normale dans 10 à 25 % des cas, la réalisation de biopsies doit être systématique en cas de dysphagie inexpliquée (1, 3).
> Le diagnostic histologique de l’OE repose sur la présence d’une hyperéosinophilie de la muqueuse œsophagienne supérieure à 15% par champ. Cette hyperéosinophilie est obligatoire au diagnostic mais non pathognomonique, le RGO, principal diagnostic différentiel, pouvant être responsable d’une infiltration eosinophilique du segment le plus distal de l’œsophage.
Le bilan allergologique par tests cutanés ou sanguins n’a pas fait la preuve de son utilité chez l’adulte pour identifier l’allergène alimentaire responsable (4).
UNE PRISE EN CHARGE PAR ÉTAPES
> Première étape : IPP double dose. Un traitement par IPP à double dose pendant
8 semaines suivi d’une endoscopie de contrôle. En cas de disparition des symptômes et de normalisation des biopsies, il s’agit d’une œsophagite à éosinophiles répondant aux IPP (1).
.
> Deuxième étape chez l’enfant : éviction des allergènes alimentaires. Un régime alimentaire après un bilan allergologique est proposé, excluant les six principaux allergènes alimentaires : lait de vache, œuf, soja, arachide, blé, poissons et crustacés. L’évaluation est clinique et endoscopique. En cas de succès, les aliments sont réintroduits les uns après les autres en commençant par le moins allergisant. L’aliment responsable d’une rechute sera ensuite évité seul (2).
Le régime d’exclusion n’est pas facile à mettre en place pour les adultes en raison de son caractère contraignant. Il pourra être utile sur le long terme pour éviter un traitement médical prolongé.
> Deuxième étape chez l’adulte ou troisième étape chez l’enfant: une corticothérapie déglutie. Le traitement de l’OE repose sur les corticoïdes topiques. Il consiste à faire avaler au patient des bouffées de corticoïdes habituellement utilisés en inhalation (2 à 4 bouffées par jour de fluticasone ou budésonide pendant 4 à 6 semaines) ou budésonide sous forme visqueuse (difficile à obtenir en France).
Chez l’enfant le corticoïde peut être pulvérisé sur une cuillère de pansement gastrique type alginate de sodium. Pour les plus grands et les adultes, il est conseillé de le pulvériser dans la bouche et de déglutir, puis de faire un bain de bouche sans avaler pour limiter le risque de candidose buccale. Aucun aliment solide ou liquide ne doit être pris dans les 30 minutes suivant la prise.
Ce traitement est le plus souvent - et rapidement - efficace. En cas de symptômes sévères résistants, une corticothérapie par voie générale peut être nécessaire et parfois une dilatation œsophagienne en cas de sténose.
> Le problème est celui de la récidive à l’arrêt du traitement qui justifie un traitement d’entretien à la plus faible dose possible, évalué sur la rémission clinique plus qu’histologique.
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