Peu après la rentrée scolaire, au mois de septembre, il existe de véritables épidémies de crises d’asthme, parfois sévères car nécessitant l’admission aux urgences. Les épidémiologistes les ont bien identifiées et dénommées « Épidémies d’asthme de septembre » (1). Quelles sont leurs causes ?
VIRUS ET CRISE D’ASTHME
Les patients ayant une exacerbation d’asthme indiquent souvent que celle-ci a été précédée par un rhume. En 1995, constatant que cette question faisait l’objet de controverses, Johnston et al. (2) ont effectué une étude longitudinale de 13 mois chez 108 enfants canadiens de 9 à 11 ans. Recherchant les virus par PCR (Polymerase Chain Reaction) dans les sécrétions nasopharyngées, ils ont détecté des virus dans 80 % des cas lors des phases de réduction du débit expiratoire de pointe (DEP), et aussi au cours des épisodes de wheezing chez 85 % des patients.
En 1996, ils ont confirmé une corrélation entre les infections virales ORL et les admissions aux urgences pour asthme, plus étroite chez les enfants (r=0,72 p <0,0001) que chez les adultes (p=0,53 p <0,01) (3). Cette association, plus marquée pendant les périodes scolaires que pendant les vacances (p <0,001), suggérait que les infections ORL virales étaient à l’origine des crises et des exacerbations d’asthme chez les enfants scolarisés.
En 2005, la même équipe a comparé 57 enfants âgés de 5 à 15 ans admis aux urgences entre le 10 et le 30 septembre 2001 (groupe I) et 157 enfants témoins volontaires, appariés pour l’âge et le sexe, atteints d’asthme de sévérité identique (groupe II) (4). Les picornavirus (rhinovirus et entérovirus) furent plus souvent détectés chez les enfants atteints d’asthme aigu grave (AAG) que chez les témoins (52 % vs. 29 % : p = 0,002).
Par ailleurs, des virus de type quelconque (rhinovirus, entérovirus, virus respiratoire syncytial, etc.) furent plus souvent détectés chez les premiers (62 %) que chez les seconds (41 %) (p=0,011) (4). Fait important, les enfants du groupe I recevaient 2 fois moins souvent des corticoïdes inhalés (CI) que les témoins (49 % vs. 85 % : p<0,0001) et il en était de même pour les antagonistes des récepteurs des leucotriènes (9 % vs. 21 % : p= 0,04) (4).
DÉFAUT D’OBSERVANCE ESTIVALE
L’impact des infections ORL virales sur l’asthme est relativement simple (2-5). L’irruption de virus dans la communauté scolaire affecte rapidement les enfants non immunisés, en particulier les asthmatiques mal ou non contrôlés. On sait en effet que le traitement de fond anti-asthmatique par CI ou antileucotriènes (AL) est souvent diminué ou arrêté pendant les vacances d’été.
MÉTÉO ET PNEUMALLERGÈNES
Pendant les mois d’août et de septembre, les conditions environnementales (température ›20° C) et l’augmentation de l’hygrométrie (›75-80%) favorisent la multiplication des acariens. Les altérations bronchiques (inflammation et hyper-perméabilité bronchique) favorisent à leur tour le passage transbronchique et l’acquisition de sensibilisations aux pneumallergènes usuels, en particulier les acariens, mais aussi les phanères d’animaux qui sont importés dans les classes par les détenteurs de chats et de chiens.
LE STRESS AUSSI
Les épidémies d’asthme de septembre sont connues dans la plupart des pays (Canada, Etats-Unis, Royaume-Uni, Finlande, etc. (in 4). En Israël, Scheurteman et al. (6) ont étudié les exacerbations d’asthme, 4 091 chez les adultes et 3 920 chez les enfants : le taux des hospitalisations pour exacerbations (en % par rapport au total des admissions) variait entre 4 % en hiver et 2 % en été.
Le mois de septembre était très particulier avec un taux de 6 % d’admissions uniquement chez les enfants (6). En dehors des infections vitrales, les auteurs incriminent l’exposition à de nouveaux allergènes, le stress de la rentrée scolaire, une faible adhésion au traitement, et son arrêt en été (6).
RÉ-ÉVALUER LE CONTRÔLE
Au cours d’une étude randomisée en double insu, contre placebo, effectuée chez 194 enfants âgés de 2 à 14 ans par les auteurs canadiens, l’adjonction de montelukast au traitement de fond (CI ou autre), atténue les symptômes de l’asthme de septembre, surtout chez les garçons de 2 à 5 ans et chez les filles de 10 à 14 ans (7). Cette différence d’action n’a pas d’explication convaincante, mais ces résultats soulignent l’importance de réévaluer le contrôle de l’asthme et de se poser la question d’un renforcement du traitement de fond (7).
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