L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) vient de diffuser une lettre aux professionnels de santé sur le bon usage de la colchicine. L’ASNM avait en effet sollicité une étude auprès des centres antipoison et de toxicovigilance, recueillant, entre 2000 et 2011, 1 329 cas d’intoxications impliquant la colchicine. 43 % étaient des erreurs thérapeutiques parmi lesquels 64 cas graves dont 39 décès. 26 patients « graves » avaient reçu un inhibiteur du CYP3A4 ou de la P-gp (P-glycoprotéine) associé, et 8 souffraient d’insuffisance cardiaque et/ou rénale. Trois grandes règles se dégagent de la recommandation.
> Se conformer à l'AMM. L’ASNM rappelle que les indications figurant dans le RCP sont les seules pour laquelle la balance bénéfice/risque a été évaluée. Les indications disposant de l’AMM sont l'accès aigu de goutte et prophylaxie des récidives ; les accès aigus de chondrocalcinose ou rhumatisme à hydroxyapatite ; les maladies périodiques ; la maladie de Behçet.
Diverses situations bénéficient d’un traitement par colchicine « hors AMM », la plus connue étant les péricardites (en phase aiguë et en prévention des récidives). Elle serait fréquemment employée en chirurgie cardiaque dans le syndrome post-cardiotomie. En médecine interne, elle est utilisée dans les vascularites et l’amylose. Des études ont proposé son usage en prévention secondaire chez le coronarien, voire comme anti-fibrosant dans les cirrhoses…
> Maîtriser les contre-indications. La colchicine est contre-indiquée chez l’insuffisant rénal sévère (clairance de la créatinine < 30 mL/min) et chez l’insuffisant hépatique sévère.
Chez les patients >75 ans et/ou avec une insuffisance rénale et/ou hépatique, les posologies doivent être diminuées. Les comprimés de Colchicine opocalcium® et de Colchimax® sont maintenant tous deux sécables. L’association avec les macrolides et la pristinamycine est une contre-indication formelle. D’autres associations sont déconseillées (ciclosporine, vérapamil, inhibiteurs des protéases) ou nécessitent des précautions (risque hémorragique sous AVK ; rhabdomyolyse sous statine).
> Goutte : utiliser le nouveau « schéma » posologique. La colchicine est plus efficace quand elle est donnée précocement (de préférence dans les 12 premières heures de la crise de goutte) et des doses faibles peuvent alors être privilégiées. L’Ansm propose un protocole posologique progressif sur 4 jours avec des doses maximales. Dans ce protocole, à J1 la dose de 3 mg/j en 3 prises n’est pas la dose « standard » mais doit être réservée à la prise en charge tardive d’accès aigus, et ce pour le premier jour de traitement uniquement. Le traitement de l’accès aigu doit être ponctuel (10 jours maximum) et la posologie maximale par prise est de 1 mg.
Dans le traitement au long cours, la posologie de 1 mg par jour ne doit pas être dépassée du fait d’un risque d’accumulation tissulaire et de toxicité.
Enfin, les patients doivent être formés : proscrire l’auto-médication, connaître les signes annonciateurs de surdosage (nausées, vomissements, diarrhées profuses), signaler tout traitement concomitant.
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