Repères patient

Incontinence urinaire féminine : la rééducation périnéale en première ligne

Publié le 24/10/2014
Article réservé aux abonnés

Qu'il s'agisse d'incontinence urinaire d'effort ou d’urgence mictionnelle, la rééducation périnéale est le traitement de première ligne. L’étape diagnostique reste nécessaire pour dépister les causes immédiatement curables comme une infection urinaire ou une rétention d'urines.

J'EXPLIQUE

• 10 % des femmes souffrent d'incontinence urinaire vraie mais 50 % souffrent d'une incontinence occasionnelle.

• Il existe en théorie deux types d'incontinence urinaire chez la femme : l'une à l'effort du fait d'une déficience du plancher pelvien et une autre sur urgenturie (miction impérieuse) liée le plus souvent à une vessie hyperactive ou un obstacle à la miction avec présence d'un résidu mictionnel.

• Mais, chez la femme âgée, ces deux types d'incontinence urinaire peuvent coexister sous la forme d'une incontinence mixte qui emprunte les symptômes des deux types d'incontinence.

• Dans tous les cas, une étape diagnostique reste nécessaire pour déterminer le traitement avec un interrogatoire précisant la survenue progressive ou rapide de l'incontinence, la présence de douleurs à la miction ou d'une hématurie ou d'autres symptômes évoquant une pathologie sous-jacente, la prise de médicaments ou de substances favorisant une hyperdiurèse (diurétiques, café, alcool, soda…).

• L'examen clinique est une étape importante aussi avec une recherche de globe vésical et l'exploration de la sphère pelvienne.

• Chez la femme ménopausée, une évaluation de la trophicité de la région vulvo-vaginale est utile pour envisager un traitement œstrogénique local.

• Les examens complémentaires comporteront, au minimum, un cytobactériologique des urines (ECBU) et, éventuellement, une échographie pelvienne.

• D'autres explorations plus poussées seront réalisées en milieu spécialisé face à des signes évoquant une pathologie sous-jacente potentiellement grave.

•Dans tous les cas, il ne faut pas sous-évaluer l'impact psychologique de l'incontinence urinaire au niveau de l'estime de soi et du handicap social qu'elle peut constituer.

JE PRESCRIS

• Une perte de poids face à une surcharge pondérale pour réduire l'hyperpression pelvienne.

• Une réduction des quantités de liquides absorbés et des substances potentiellement irritantes ou réflexogènes pour l'équilibre vésical (café, alcool, soda…).

• Une rééducation périnéale, entre 10 et 15 séances, en première ligne, pour renforcer le contrôle musculaire et sphinctérien du périnée.

• En présence d'une incontinence d'effort simple, si la rééducation périnéale se révèle insuffisante, une chirurgie mini-invasive peut-être envisagée après un bilan urodynamique, avec la mise en place de bandelettes de soutènement sous-urétral (TVT-TOT), ballonnet périurétral ou agents de comblement, techniques qui est efficace dans 90 % des cas.

• En présence d'une incontinence par miction impérieuse (urgenturie), les anticholinergiques sont les traitements médicamenteux de première intention en ayant à l'esprit le risque d'effets secondaires (effets atropiniques périphériques comme la constipation, une bouche sèche, un flou visuel, une décompensation d'un glaucome à angle fermé, des troubles de la conduction cardiaque…)

• Mais l'effet secondaire le plus fréquent des anticholinergiques est l'apparition ou la majoration de troubles cognitifs, en particulier chez la femme âgée.

• Des études ont montré une efficacité et une bonne tolérance du trospium chloride en raison de sa faible liposolubilité et de son absence de passage de la barrière hémato-encéphalique.

• Un traitement par bêta 3 adrénergiques agonistes, peut être prescrit en milieu spécialisé.

•Si ces traitements médicamenteux échouent, des techniques plus invasives sont à envisager en milieu spécialisé comme la neuromodulation, l'injection de Botox qui a reçu récemment une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans cette indication.

• En dernier recours, devant une incontinence urinaire d'effort, rebelle à tout autre traitement, un sphincter artificiel peut être implanté.

J'ALERTE

Une incontinence urinaire récente, avec hématurie, associée à des douleurs pelviennes ou des troubles sphinctériens anaux, doit alerter sur une pathologie sous-jacente grave à explorer.

JE RENVOIE SUR LE WEB

 

Dr Jean-Pierre Rageau avec Pr Gérard Amarenco, chef de service de neuro-urologie à l'hôpital Tenon (Paris)

Source : Le Généraliste: 2696