J’EXPLIQUE.
• La mesure de la pression artérielle (PA) au cabinet reste la méthode de référence. Cependant, étant ponctuelle alors que la PA est variable, elle reflète très imparfaitement le niveau réel de la PA.
• Les mesures multiples réalisées à domicile sont indispensables car plus fiables : l’atteinte des organes cibles et la mortalité cardio-vasculaire sont mieux corrélées à la PA mesurée à domicile qu’à la PA mesurée en milieu médical.
• Chez 20 à 30% des patients, la PA au cabinet se révèle plus élevée alors qu’elle est normale à domicile : c’est l’HTA « blouse blanche », de pronostic globalement favorable.
• Chez 10 à 20% des patients considérés indemnes d’HTA, la PA à domicile est trop élevée: c’est l’HTA « masquée », de pronostic défavorable. On utilise également ce terme pour la moitié des patients traités et chez qui la TA semble contrôlée au cabinet mais est finalement trop élevée à domicile.
J’INFORME.
• L’AMT est de réalisation simple mais le médecin doit toujours faire la démonstration de l’appareil car même après avoir pris connaissance de son mode d’emploi, plus de 40% des patients l’utilisent encore de manière incorrecte (rappelons que l’Assurance Maladie livre sans frais au cabinet du médecin un appareil d’AMT à prêter à ses patients et ce sur simple demande sur l’Espace pro d’Ameli.fr).
• L’AMT peut rendre des résultats erronés en cas d’arythmie cardiaque ou si le brassard n’est pas adapté au bras (circonférence supérieure à 32 cm). Elle n’est pas validée chez l’enfant ni chez la femme enceinte. Elle peut être compliquée à réaliser en cas de troubles cognitifs. Elle n’est pas recommandée si le patient n’est pas motivé ou si elle déstabilise un patient anxieux ou obsessionnel.
• Les résultats de l’automesure doivent être retranscrits et rapportés au prescripteur. Le site automesure.com met à disposition des médecins et des patients un applicatif automatique pour calculer la moyenne des résultats et les expliquer graphiquement. La remise des résultats est l’occasion d’un dialogue autour du risque cardio-vasculaire. Une telle participation du patient (« empowerment ») à sa prise en charge pourrait favoriser l’alliance thérapeutique, l’observance et le contrôle tensionnel.
• Les valeurs à partir desquelles on parle d’HTA sont de 135/85 mmHg en automesure contre 140/90 mmHg au cabinet.
JE PRESCRIS.
• L’ordonnance : avant la prochaine consultation, en période d’activité habituelle, mesurez votre PA 3 fois le matin (avant le petit-déjeuner et la prise des médicaments) et 3 fois le soir (entre le dîner et le coucher) en position assise et décontractée, après 5 minutes de repos, 3 à 7 jours de suite. Espacez chaque mesure d’au moins une minute. Notez toutes les valeurs dans le tableau, même celles qui vous semblent trop fortes ou trop basses.
• Le tensiomètre : à brassard huméral et validé par l’ASNM ou marquage CE. Les appareils ne sont pas remboursés par la CNAM.
• Le bras : la PA ayant préalablement été mesurée aux deux bras au cabinet, elle devra être, en cas d’anisotension, mesurée au bras retrouvant les valeurs les plus hautes. Dans le cas contraire, on réalisera les mesures au bras non dominant afin de permettre de noter les résultats sans être gêné par le brassard.
J’ALERTE.
• Il n’est pas utile de réaliser une AMT plus d’une fois tous les 3 à 6 mois lorsque l’HTA est contrôlée. Il n’est pas pertinent d’effectuer l’AMT au milieu de la journée, après un malaise ou une émotion.
• En cas d’HTA masquée, il est préconisé que le traitement antihypertenseur soit instauré ou intensifié car le risque de mortalité cardiovasculaire est plus élevé que celui d’un patient non hypertendu.
• En cas d’HTA blouse blanche, l’AMT permet d’éviter une médication injustifiée et une iatrogénie potentielle. En revanche, la surveillance par AMT devra être régulière car l’HTA blouse blanche peut évoluer vers une HTA authentique en 9 ans en moyenne.
• Ne jamais modifier le traitement soi-même.
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