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ASTHME ET ADOS : LA RÈGLE DE L’INOBSERVANCE

Publié le 20/02/2015
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Crédit photo : BURGER/PHANIE

Parce que la période de l’adolescence est à risque de faible contrôle thérapeutique, une thèse de médecine générale toulousaine, co-réalisée par deux jeunes internes, a exploré le ressenti des adolescents asthmatiques vis-à-vis de la prise en charge de leur maladie. L’objectif était de tenter de dégager des pistes d’amélioration pour cette catégorie particulière de jeunes patients. S’appuyant sur la méthode qualitative qui permet d’étudier les phénomènes complexes dans leur milieu naturel, avec entretiens individuels semi-dirigés, 16 adolescents suivis pour asthme (8 filles et 8 garçons) âgés de 10 à 17 ans (14,3 ans d’âge moyen) ont été interrogés entre août 2013 et mars 2014.

› « Notre étude du ressenti des adolescents asthmatiques vis-à-vis de leurs traitements met en avant le problème de l'inobservance thérapeutique », annoncent les auteurs en préambule. La question de l’acquisition d’une identité propre avec une bonne estime de soi, si cruciale à cet âge, est plus difficile chez un ado atteint d’une maladie chronique. Comment un adolescent malade peut-il se permettre de se projeter positivement dans un corps endommagé ? Comment s’intégrer au groupe des autres adolescents si la condition d’être « semblable » aux autres membres du groupe n’est pas remplie ? Plus prosaïquement, le défaut de connaissance sur l’utilité du traitement de fond est clairement exprimé comme un écueil à l’observance par les ados interrogés. Le manque d’effet ressenti lors de la prise de ce traitement nuit à l’observance, contrairement à celui de la crise dont les effets bénéfiques sont immédiatement perçus. Les contraintes liées à la prise d’un traitement au long cours entrent aussi en ligne de compte. La prise quotidienne du médicament « à prendre partout , tout le temps » est une habitude difficile à prendre. Le choix du type de médicament prescrit n’est pas non plus anodin. « Il semble préférable de choisir des galéniques similaires pour simplifier les prises, en veillant à ce que chaque médicament puisse être facilement différencié », indiquent les auteurs. Il convient aussi de ne pas passer à côté des moments qui peuvent favoriser l’observance, notamment les suites immédiates de survenue d’une crise sévère. D’où l’importance de voir rapidement en consultation les ados au décours d’une crise d’asthme.

› Côté parents, s’ils sont désignés comme source principale d’informations et facteurs favorisant l’adhésion au traitement, ils exercent aussi un rôle ambivalent vis-à-vis de l’ado qui cherche à se séparer d’eux … mais sans les perdre. Si les parents ont été dépositaires de l’annonce du diagnostic d’asthme quand l’ado était encore enfant, le médecin doit remettre à jour les connaissances et habitudes de son jeune patient qu’il a forcément héritées de ses parents.

› Enfin, le discours médical, primordial, doit être simple et répété. La prise en charge doit être développée en partenariat avec les ados pour leur permettre d’acquérir une bonne estime d’eux-mêmes et un bon degré d’autonomie. L’ancienneté de la relation soignant/soigné permet d’obtenir un lien privilégie de confiance. Une enquête nationale suisse a pu montrer que les ados malades chroniques ayant un médecin traitant consultaient plus facilement.

1- Isabelle Cisamolo, Oriane Duquesne. Le ressenti des adolescents asthmatiques vis-à-vis de la prise en charge de leur maladie. Thèse pour le diplôme d’état de docteur en médecine générale. Université Toulouse III – Paul Sabatier. Faculté de Médecine. 2014.
Dr Linda Sitruk, fmc@legeneraliste.fr

Source : Le Généraliste: 2710