Fréquemment les médias sont le relais de faits divers qui incitent nos compatriotes à être quelque peu critiques vis-à-vis des professionnels de santé. De toute manière les libéraux sont habitués à un lynchage médiatique répété, et souvent orchestré par les pouvoirs publics. À ce titre, certaines institutions (cas des ordres médicaux) ont été dénoncées pour leurs actions protectrices des soignants.
Très récemment le procès d’un chirurgien prédateur (il a pu violer durant des années des patientes), a été largement médiatisé car il n’a jamais été inquiété par un quelconque tribunal pénal. Cet état de fait a soulevé la colère de nombreuses associations, mais aussi de nombreux citoyens (à juste titre à mon goût). Ce comportement délictuel n’aurait (le choix du conditionnel n’a pas pour but de disculper l’Ordre, mais pour ne pas mettre dans le même sac tous les conseillers en poste à cette époque) pas été pris en compte. Cette institution aurait fait, il semblerait, la sourde oreille vis-à-vis de telles atrocités, ou pour certains aurait couvert des actes hautement répréhensibles. Bien entendu nous ne devons pas accepter de cautionner de tels agissements de la part des Ordres départementaux où exerçait ce chirurgien (dans le cas où le chirurgien impliqué est reconnu coupable de tels faits).
Au-delà de cette affaire, aussi triste et terrible qu’elle soit, nous ne devons pas oublier que des évolutions au sein de notre corporation ont été observées. Des agissements répréhensibles, et des protections abusives de certains collègues ont pu être effectifs il y a des décennies de cela, mais ce n’est plus le cas actuellement.
Les patients également dans leur toute-puissance parfois
Des actes de repentances justifiées vis-à-vis d’erreurs du passé, ne doivent non plus nous conduire vers un autre travers : celui de protéger, et de prendre en compte des plaintes totalement infondées de la part des patients.
À ma grande surprise, Il y a quelques jours de cela, un reportage diffusé sur un canal très écouté par les Français mettait en avant le traumatisme psychique d’un généraliste injustement critiqué par un patient qui souhaitait son dossier médical. En fait le médecin n’était nullement critiquable (il avait fait correctement son travail, ce qui a conduit à une absence de sanction). Le conseil régional a jugé que la plainte de la patiente était tout à fait infondée.
Cependant notre collègue, pour arriver à se disculper, a été contraint de passer plusieurs heures sur son ordinateur, a dû se déplacer pour justifier devant ses pairs de sa bonne foi. Or le temps pris par cette plainte futile a été important, et a généré de ce fait une perte de chances pour certains patients qui auraient pu être pris en charge par ce médecin. De plus nous ne devons pas oublier que le médecin est un Homme qui ne peut être insensible à de tels reproches, surtout s’ils ne sont pas fondés.
De telles situations sont fréquentes (je le vois au sein de mon propre Conseil de l’Ordre départemental, cela du fait que je suis conseiller), et nous conduisent à être à l’écoute de propos parfois très mal attentionnés.
Le journaliste conscient d’une majoration de ces situations au fil du temps a discrètement parlé d’une éventuelle participation financière dans ce cas de figure où les récriminations infondées de certains patients deviennent très fréquentes (certains affichent un palmarès de plaintes très fourni). Nous ne devons pas perdre de vue que certaines plaintes peuvent conduire au burn-out de confrères qui se sentent humiliés par des propos tout à fait injustes.
De telles idées me semblent intéressantes, mais les chances d’observer leur application demeurent très faibles. Une nouvelle fois on aime bien discuter, polémiquer, mais dans les faits on oublie que les médecins sont des professionnels de santé qui sont de moins en moins reconnus par les patients.
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