S I le débat autour de l'union des forces de droite est aussi passionné, c'est parce qu'il cache une arrière-pensée qui, pour être dans tous les esprits, n'est jamais exprimée. La voici : Jacques Chirac est-il le meilleur candidat de la droite à l'élection présidentielle ?
De sorte que la discussion est faussée : M. Chirac n'est pas hostile à une union qui se constituerait autour de son nom et lui garantirait le soutien de tous les partis de la droite parlementaire. Ses rivaux affichés, comme François Bayrou, ou potentiels, comme Edouard Balladur, voudraient que l'union ne préjuge pas du candidat qu'elle désignerait. En d'autres termes, le regroupement de la droite est conçu aussi (et peut-être seulement) - par certains - comme l'instrument d'une ambition personnelle. Voilà pourquoi c'est mal parti.
Mais d'abord, pourquoi M. Chirac ne serait-il pas le meilleur candidat ? Principalement parce qu'il n'arrive pas à se défaire des soupçons sur sa gestion de la Mairie de Paris. Secondairement, parce que les sondages, bien qu'ils lui accordent une cote de popularité plus élevée qu'à Lionel Jospin, le donnent pour le moment perdant face au même Jospin.
Il est vrai que les animateurs d'Alternance 2002, qui ont mis au point une plate-forme politique, paraissent sérieux, plus « programmatiques » que politiciens. Ils ne sauraient nier néanmoins la difficulté qu'ils auront à séduire les centristes, qui voudraient jouer la carte Bayrou. A un an des élections générales, c'est sûrement le meilleur moment pour essayer de créer une « droite plurielle » ; mais c'est aussi le plus mauvais dans la mesure où la présidentielle altère tous les projets.
Il n'en demeure pas moins que l'exemple donné par la gauche montre qu'un rassemblement est efficace. En laissant à chacune de ses composantes la liberté de s'exprimer, tout en tenant le cap de ses réformes, M. Jospin a pu conquérir le pouvoir et l'exercer pendant quatre ans, bientôt cinq. Les disputes constantes de la gauche font jaser, mais l'irréparable ne s'est jamais produit. Le Parti communiste vient de prendre une trempée aux municipales, il n'a pas quitté le pouvoir. Les Verts s'agitent comme de beaux diables, voyez Yves Contassot, voyez Noël Mamère, la majorité tient bon. Mieux, à la faveur du débat sur l'inversion du calendrier, elle s'est enrichie du soutien des centristes, bonne alternative au vote communiste. La gauche plurielle existe en dépit de ses déchirements. Pourquoi pas une droite plurielle qui pourrait être un instrument de gouvernement, même si elle est divisée ?
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature