Sur un modèle de section de moelle

Une régénérescence axonale après un an

Publié le 28/10/2009
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DES CHERCHEURS de l’Université de Californie (San Diego Medical School) publient une étude montrant qu’une régénérescence d’axones du système nerveux central peut être obtenue chez des rats même après qu’une longue durée s’est écoulée entre la blessure et la mise en route du traitement. L’autre bonne nouvelle est que « lorsque des axones ont été rompus à la suite d’une blessure de la moelle épinière, ils peuvent être induits vers un processus régénératif en s’aidant d’une association de traitements. »« L’axone blessé n’est pas mort », commentent Mark Tuszynski et son équipe.

Il existe un potentiel.

« Nos résultats indiquent qu’il existe un potentiel pour promouvoir une réparation de la moelle épinière même à l’étape chronique. » Et aussi, « même si l’axone repousse sur une courte distance, cela peut aider à la qualité de vie, redonnant du mouvement par exemple à un poignet ou à une main », espèrent-ils.

Après une blessure de la moelle épinière, les axones ne se régénèrent pas spontanément, que ce soit en période aiguë ou chronique. Une situation qui demeure un défi pour les chercheurs et de nombreux travaux sont réalisés dans ce domaine, en raison du grand nombre de personnes qui chaque année subissent des traumatismes rachidiens.

Au cours de la dernière décennie, on a pu comprendre que ce défaut de régénération peut être attribué à une combinaison de phénomènes. D’abord au manque d’un substrat physique permettant à l’axone de progresser à travers le site de la lésion. Ensuite à un manque de stimulation neurotrophique. Et aussi, au défaut intrinsèque des capacités de croissance des neurones adultes. Et encore, cela tient à la présence d’inhibiteurs de la croissance axonale, sécrétés à demeure. Et, enfin, à cause de dommages extensifs dus à des mécanismes inflammatoires lésionnels. En laboratoire, dans les meilleures circonstances, la croissance axonale nécessite de créer un pont cellulaire sur le site de la lésion, un guidage des axones vers leur cible correcte et une stimulation des neurones blessés pour réguler positivement les gènes de régénérescence.

Tuszynski et coll. se sont intéressés au faisceau dorsal sensitif (nerfs relayant le sens du toucher de la périphérie vers le cerveau), dont la projection est bien définie anatomiquement, mais qui normalement ne se régénère pas après un traumatisme. Les mouvements des animaux ont ainsi pu être facilement testés. Et ils ont attaqué le problème en travaillant sur tous les fronts : ils se sont efforcés de modifier des paramètres concernant l’état de la croissance des neurones se projetant sur le site de la lésion en même temps que d’autres facteurs du site environnant.

Expression de gènes associés à la régénération.

La combinaison thérapeutique a comporté une régulation positive de l’expression de gènes associés à la régénération, afin de réveiller la capacité de croissance des neurones sensitifs ; des cellules stromales de moelle osseuse hématopoïétique greffées au site de la lésion ; un facteur neurotrophique-clé appliqué dans le site de la lésion et largement autour.

Le traitement combiné a été appliqué à un modèle de rat ayant subi une lésion de la moelle épinière au milieu du cou. Il a été testé à différentes périodes, de six semaines jusqu’à 15 mois après le traumatisme initial.

L’équipe a obtenu un pont cellulaire à toutes les étapes y compris largement au-delà de la lésion initiale.

Les comparaisons des groupes d’animaux ayant eu une partie du traitement ou l’intégralité des trois actions montrent que la repousse axonale ne survient qu’en présence de l’association complète.

Les chercheurs découvrent aussi qu’en dépit du délai considérable, la plupart des gènes de régénérescence peuvent être induits pour délivrer une régulation positive, contrairement à ce que l’on admet généralement.

Neuron 64,165-172, 29 octobre 2009.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr