Plus d'un million de patients souffrent d'arythmie en France et on dénombre près de 100 000 nouveaux cas chaque année.
La fibrillation atriale, l'arythmie la plus fréquente, peut entraîner la survenue d'un caillot dans l'auricule gauche, avec un risque d'accident vasculaire cérébral (AVC). « Un AVC toutes les 30 minutes est lié à la fibrillation atriale », rappelle le Pr Gilles Rioufol, chef du service de cardiologie interventionnelle de l'hôpital Louis Pradel de Lyon. Le traitement de référence pour la fibrillation atriale repose sur les anticoagulants. « Mais les risques d'effets secondaires sont élevés et les anticoagulants sont la première cause d'hospitalisation pour complication d'un traitement. Ils provoquent 2 % par an d'hémorragies graves », souligne le Pr Rioufol. « L'impasse thérapeutique est fréquente pour les patients pour lesquels les anticoagulants sont trop risqués », poursuit-il.
Bouchon à l'entrée de l'auricule
Pour ces patients, l'hôpital Louis Pradel propose depuis 2013 une alternative aux anticoagulants : la fermeture de l'auricule gauche du cœur. « Nous utilisons une canule placée dans l'aine, qui chemine par la veine cave jusqu'au cœur, puis nous déployons une petite prothèse qui forme un bouchon à l'entrée de l'auricule gauche », détaille le Pr Rioufol. Le déploiement du dispositif est réalisé sous contrôle échographique. L'intervention dure une demi-heure à une heure et les bénéfices sont immédiats. « Progressivement, une petite peau se forme sur la prothèse, ce qui bouche définitivement l'auricule. Il n'y a donc plus de risque de caillot », déclare-t-il. Les prothèses sont remboursées depuis 2016 seulement, mais la technique a montré son efficacité. « Nous avons dépassé notre 100e patient et sur ces cent personnes nous avons enregistré un succès de la procédure à 100 %, avec 0 % d'AVC et 0 % d'hémorragie. L'effet indésirable que nous avons pu relever c'est un épanchement péricardique dans 3 % des cas », note le Pr Rioufol. L'âge moyen des patients était de 75 ans, 60 % étaient des hommes, 55 % des patients avaient un antécédent d'AVC et 67 % un antécédent d'hémorragie cérébrale.
« Globalement, le bénéfice est robuste et dure au fil du temps », souligne le spécialiste. En France, pour l'instant, l'indication de ces prothèses concerne uniquement des patients ayant un risque d'AVC et ayant une contre-indication pour les traitements anti-coagulants. « Néanmoins, elles sont utilisées dans d'autres pays en première intention, sans même essayer les anticoagulants. Actuellement, nous pratiquons en moyenne 40 interventions par an, mais d'ici deux ans nous en serons probablement à plus de 200 actes par an », estime le Pr Rioufol.
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