B ERNARD KOUCHNER, Jack Lang et Dominique Gillot mettent à la disposition des parents, des enseignants et du corps médical toute une série de mesures permettant de répondre aux besoins d'enfants d'âge scolaire atteints de dysphasie ou de dyslexie.
Ces solutions visent à faciliter la prévention des troubles du langage, à établir un diagnostic plus rapide et sûr, et à assurer une prise en charge efficace des 4 à 5 % d'enfants concernés, dont 1 % souffrent de déficiences sévères.
Dès l'école maternelle, il est recommandé au maître, aidé d'un psychologue scolaire, de procéder à un repérage des sujets présentant des « signes d'alerte ». Ensuite un médecin de PMI pour les 2-4 ans et un praticien de l'Education nationale pour les 5-6 ans doivent effectuer un dépistage des jeunes « suspects d'un trouble ». Vers trois ans et demi-quatre ans, toute perturbation lourde dans l'acquisition du langage oral est à considérer « comme préoccupante », imposant un repérage et un dépistage. Une démarche semblable doit être envisagée au niveau du cours préparatoire, vers 7 ans, lorsqu'il y a de graves problèmes d'écriture. Dans le champ scolaire stricto sensu, il est préconisé, dans une classe ordinaire, une « adaptation de l'enseignement » et des interventions spécialisées associées à un suivi par les médecins scolaires. Pour les cas sévères, une « classe spécialisée » est indispensable, avec des « rééducations et des interventions thérapeutiques intensives et pluridisciplinaires ».
En même temps, « un bilan périodique » médical est demandé. Et en CE2 et en 6e, des opérations d'évaluation du même type doivent être développées avec le Réseau d'aide spécialisé aux élèves en difficultés.
Des conditions d'examen adaptées
Dans tous les cas, de telles démarches sont rendues possibles par la participation de tous, et notamment des enseignants, qui vont intégrer à leur formation initiale un module sur les troubles spécifiques du langage.
L'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé rendra publique, dans les tout prochains jours, des bonnes pratiques pour l'identification des enfants porteurs d'un trouble du langage. D'ici à trois ans, chaque département disposera d'une convention-cadre précisant la nature et les lieux d'intervention des médecins de PMI et le type de collaboration entre ces praticiens et les autres professionnels de santé.
Des centres référents (diagnostic-prise en charge-recherche), formés d'équipes pluridisciplinaires, devraient être mis en place dans les hôpitaux universitaires. Les DDASS, devront identifier un « réseau de professionnels de santé libéraux compétents pour l'élaboration des diagnostics et le suivi des prises en charge en lien avec les centres référents ».
Pour leur part, les recteurs sont conviés à faire en sorte que « les conditions pour passer des examens » (CAP, bac, etc.) soient aménagées. Une attestation du médecin, établie au nom du dossier médical de l'élève, doit être adressée, un mois avant le début des épreuves, aux autorités académiques.
Les différents dispositifs existant dans le secteur médico-social en faveur des enfants handicapés ou en difficultés d'adaptation scolaire, qui comportent en particulier les centres d'action médico-sociale précoce et les centres médico-psycho-pédagogiques, seront bientôt l'objet d'une réévaluation (place et mission).
Le Haut Comité médical de la Sécurité sociale sera saisi afin d'étudier la possibilité de reconnaître les troubles sévères du langage comme des affections de longue durée (ALD). Actuellement, ils ne peuvent être pris en charge à 100 % que s'ils sont associés à des dérèglements psychiques ou neurologiques graves, ou si le patient est reconnu comme atteint d'une pathologie « comportant un traitement prolongé et une thérapeutique coûteuse ».
Bien entendu, le médecin de famille, comme le pédiatre, amenés à voir fréquemment des jeunes dans leur clientèle seront, à terme, mieux formés. Bernard Kouchner et Jack Lang, dans une saisine conjointe au Pr Lebourgois, président du Conseil scientifique de l'internat, souhaitent qu'il introduise un module sur les troubles du langage dans le programme de l'internat nouvelle formule. Des efforts identiques sont réclamés dans le cadre de la formation continue, et également en direction des orthophonistes dont les effectifs devraient, être renforcés.
Au total, les mesures du Plan Kouchner-Lang-Gillot, qui donnera lieu à une circulaire interministérielle, coûteront 30 millions de francs sur trois ans.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature