La panne sexuelle n'est pas le seul motif de consultation d'un sexologue. Pour les deux sexes, au fil du temps est apparue une nouvelle demande, la satisfaction du partenaire. Le Dr Mireille Dubois-Chevalier, sexologue (Centre médical de santé sexuelle, Paris), détaille pour « le Quotidien » les principales préoccupations des patients.
« Les femmes consultent essentiellement entre 20 et 50 ans, explique-t-elle. Les trois principaux motifs de consultation de sexologie chez les femmes sont le vaginisme, la dyspareunie et les troubles du désir ; soit l’absence totale de désir, soit un désir qui s’est progressivement modifié vers une perte de motivation pour la sexualité. »
Les contenus des consultations pour ces raisons sont très variés. Le désir est une pulsion spontanée. La seule véritable période de désir est celle qui correspond à la puberté. Dans certains cas, une fois passée la recherche de partenaire et une fois le couple installé, le désir devient plus passif. C’est ce qu’a très bien décrit R. M. Basson dans les années 2000 comme la modification de la relation au désir de la femme adulte au sein d’un lien établi. Le désir est alors désir d’intimité émotionnelle et d’accueil du partenaire.
« Il y a depuis une vingtaine d’années, explique le Dr Mireille Dubois-Chevalier, chez les femmes, une volonté de mieux prendre en compte le partenaire, d’avoir une sexualité plus satisfaisante pour lui ».
De façon beaucoup plus anecdotique, les femmes consultent pour anorgasmie, dysorgasmie, anhédonie (insensibilité au plaisir), anaphrodisie.
L’époque des hommes atterrés
« Les hommes se plaignent de façon très fréquentes d’éjaculation trop rapide, de troubles de l’érection ponctuels ou prolongés après une chirurgie de la prostate par exemple » poursuit le Dr Mireille Dubois-Chevalier. Dans la majorité des cas, les causes organiques du symptôme ont été écartées par le médecin généraliste, le gynécologue ou l’urologue.
« Le suivi ne dépend pas du tout du symptôme, reprend le Dr Mireille Dubois-Chevalier mais de la personne, de la rencontre ; certaines structures de personnalité peuvent être un frein pour commencer une consultation. Côté patients, il faut que ce soit aussi une rencontre, et quel que soit le symptôme, que la relation évolue vers une psycho(sexo)thérapie ou parfois vers une prise en charge du couple. »
L’arrivée du sildénafil a été bénéfique dans le sens où elle a allégé la relation thérapeutique ; le fait qu’il y ait une solution médicamenteuse a rendu la consultation plus légère là où il y a des années les hommes étaient atterrés, précise Mireille Dubois-Chevalier. « Les hommes consultent également pour des motifs d’insatisfaction dans le couple, pour mettre ou remettre leur partenaire dans la sexualité. »
Une démarche encore difficile
Il faut garder à l’esprit que c’est une démarche difficile ; parfois de longues années se sont écoulées entre l’envie d’aller consulter et le premier rendez-vous. Beaucoup amorcent une consultation qui sera sans suite ; certains se sentent honteux et gênés. « Ces difficultés à consulter font que nous sommes rarement sollicités pour des motifs " farfelus ", il y a chaque fois une souffrance, explique Mireille Dubois-Chevalier. Il m’est arrivé, en revanche, de devoir répondre à des hommes qui venaient chercher " la bénédiction " pour nouer une relation extraconjugale ; ils demandent l’assentiment du sexologue. »
Enfin, « les couples consultent souvent ensemble pour améliorer leur relation intime, parfois pour la créer, ou la rendre plus facile, ou pour éviter les conflits ». La sexualité est aussi un prétexte pour consulter ensemble et débuter ce qui s’apparente plus à une psychothérapie de couple, une recherche de communication.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature