Si l'on se réfère aux diverses substances connues contenues dans le café, les conclusions d'un travail mené aux Pays-Bas ne devraient pas être surprenantes. Rob M. van Dam et Edith J. M. Feskens ont, en effet, mis en évidence chez les gros consommateurs de café un risque moindre de diabète de type 2. Ils chiffrent ce bénéfice. L'abaissement du risque relatif est de 50 % chez ceux qui en boivent au moins 7 tasses par jour par rapport à ceux se limitent à 2 tasses.
Les auteurs ont analysé les autoquestionnaires sur les habitudes alimentaires, soumis à 17 111 personnes de 30 à 60 ans, sélectionnées (notamment, pas de diabétique). Les données ont été enregistrées entre 1987 et 1997, le suivi a été fait jusqu'en 2000. Il apparaît que les participants buvaient en moyenne 5,2 tasses de café par jour et que 306 nouveaux diabètes ont été enregistrés pendant cette période. Le risque de survenue du trouble métabolique était directement lié aux quantités ingérées, et ce, de façon graduelle. Les buveurs de thé n'ont pas connu la même fortune. Et aucune conclusion n'a pu être tirée chez les utilisateurs de café décaféiné, car trop peu nombreux. Après avoir ajusté les résultats en fonction de multiples facteurs potentiellement responsables d'erreurs, la relation reste vraie.
L'étude a permis de tracer un portrait-robot du buveur de café, néerlandais tout au moins. Les plus gros consommateurs sont des hommes, au niveau scolaire bas, à l'index de masse corporelle élevé, fumeurs, buveurs de boissons alcoolisées, consacrant peu de temps à une activité physique de loisir et, généralement, s'alimentant qualitativement mal.
Caféine, acide chlorogénique, magnésium
Reste à connaître les composants impliqués. Le café contient de la caféine, bien sûr, de l'acide chlorogénique ainsi que des quantités non négligeables de magnésium et autres micronutriments. La caféine est connue pour réduire la tolérance à l'insuline. L'acide chlorogénique réduit l'absorption du glucose et le stress oxydatif in vitro. Il inhibe également l'hydrolyse du glucose-6-phosphate, ce qui réduit la libération de glucose par le foie. Quant au magnésium, enfin, il est connu pour améliorer la sensibilité à l'insuline et sa sécrétion. Il a été associé à un moindre risque de diabète de type 2. Les auteurs apportent une précision, lorsqu'ils rapportent une étude antérieure comparant les cafés avec ou sans caféine. Le décaféiné n'avait pas agi sur la glycémie.
Reste qu'avant de recommander de boire beaucoup de café il faudrait en analyser les possibles effets néfastes, concluent les auteurs.
« Lancet », vol. 360, 9 novembre 2002, pp. 1 477-1 478.
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