THEATRE
Un charme, une grâce, une simplicité opèrent immédiatement dans l'accord profond qu'ont su trouver les artisans de cette production tendre, touchante, drôle et mélancolique. Une mise en scène tout en légèreté, un décor merveilleux, de très bons interprètes. Une belle soirée.
Dévoilons le premier bonheur, ce nounours géant qui s'ouvre comme coquille de noix et contient un monde ! Jean-Marc Stéhlé est décidement un magicien qui ose extirper le merveilleux des situations les plus simples et le décor qu'il a imaginé pour « L'Enfant Do » en dit plus que long discours. Il éclaire la pensée et les sentiments de Jean-Claude Grumberg, cette enfance au cœur des personnages qu'ils soient forts ou faibles, adultes ou petits encore.
Ce qui est beau, ici, ce que Jean-Michel Ribes a parfaitement compris, lui qui a déjà mis en scène des pièces de Jean-Claude Grumberg (« Rêver peut-être » et « Amorphe d'Ottenburg »), c'est que le vraisemblable importe peu. Parmi les personnages, il y a un ours et qui parle, un ours en peluche naturellement, il y a des grandes personnes qui ont des allures de grands frères, de jeunes adultes qui sont des adolescents et un enfant très long, très maigre, qui a l'air aussi vieux que ses parents. On s'en moque pas mal, on y croit. On y croit d'autant mieux que les comédiens réunis sont excellents et qu'il y a dans la fable cette leçon discrète de Grumberg, justement, sur la question des générations, aujourd'hui : tous les mêmes, tous des enfants capricieux et mal armés pour l'adversité. Sans mauvais fond.
On est loin de « L'Atelier » et des personnages mis à mal par la guerre. On est dans un quotidien sans malheur pesant. Mais transmettre, vivre, partager, c'est dur, tellement dur. Surtout lorsque la vie s'est chargée d'éclairer trop violemment vos croyances, vos espérances et qu'il ne vous reste pas grand chose.
C'est tout. C'est beaucoup. « L'Enfant Do » est une chanson douce. Légère comme bulle de savon. Mais ne vous y trompez pas. La chanson vous restera longtemps dans la tête. Elle vous a fait rire mais elle vous nouera la gorge, pourtant. Vive les acteurs : François Berléand, taciturne, fin, précis, Chantal Neuwirth, merveilleuse et si généreuse, Olga Grumberg, « elle », dit l'auteur (dans la vie c'est sa fille, et cela aussi touche), ravissante et sensible, Jonathan Zaccaï, « lui », très bon, assez neuf au théâtre, belle nature, belle présence. Et puis aussi, Philippe Le Gall, l'enfant. Très juste, frais. Et sous le masque et la combinaison de Nounours, Alexandre Aubry, efficace et très finement accordé à l'esprit de la pièce et de la mise en scène.
Que dire de plus ? On rit, on pleure, on n'oublie pas. C'est l'art de Grumberg. Il n'est jamais dans la démonstration. Il trouve le chemin de l'universel, mine de rien.
Théâtre Hébertot, à 21 h du mardi au samedi, en matinée à 18 h le samedi, et le dimanche à 15 h. Durée : 1 h 20 sans entracte. (01.43.87.23.23 et le Quotidien Spectacles). Le texte de la pièce est édité par Actes Sud-Papiers.
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