Réaliser une psychothérapie en première intention plutôt que de recourir d'emblée aux antidépresseurs : c'est l'une des recommandations publiées en 2014 par la Haute Autorité de santé (HAS) pour la prise en charge des manifestations dépressives à l'adolescence.
En Côte-d'Or, l'URPS « médecins libéraux » a pris en main cette problématique, estimant qu'il y avait « urgence », explique le Dr Emmanuel Debost, élu à l'URPS-ML. Selon la HAS, 8 % des adolescents souffrent d'une dépression dont les signes sont difficiles à détecter. Beaucoup arrivent à l'âge adulte avec des problèmes persistants de santé mentale ou sociaux (difficultés d'insertion par exemple).
Dans le département, les médecins expérimentent depuis fin 2016 une prise en charge par un psychothérapeute. Cette expérimentation sur trois ans est financée par le fonds d'intervention régional (FIR) de l'agence régionale de santé (ARS) qui mobilise 40 000 euros par an. Elle permet aux psychothérapeutes d'être indemnisés à hauteur de 40 euros par consultation – avec une limite fixée à 10 séances par jeune.
Les séances sont payées directement au psychothérapeute par l’association (Côte-d’Or, Dépression, Adolescence ) portée par l’URPS – la famille de l’adolescent n’ayant pas d’avance de frais.
Les infirmières scolaires dans la boucle
Originalité : les quelque 60 infirmières scolaires de Côte-d'Or sont impliquées. Elles peuvent prescrire de leur propre initiative des séances de psychothérapie si elles repèrent un jeune en souffrance. Elles ont été formées par l'URPS-ML qui, en parallèle, a informé l'ensemble des médecins de cette opportunité.
Dix-huit mois après le lancement de cette opération, 100 jeunes – dont 37 présentant des épisodes dépressifs caractérisés – ont bénéficié de cette prise en charge. L'URPS-ML a édité une plaquette adressée à l'ensemble des cabinets médicaux de Côte-d'Or (et déclinée pour les infirmières scolaires).
92 psychothérapeutes (soit 60 % des professionnels du département) se sont portés volontaires pour intégrer le dispositif, précise le Dr Olivier Obrecht, directeur général adjoint à l'ARS. « La plupart des adolescents n'ont pas besoin d'aller jusqu'à 10 séances, complète le Dr Emmanuel Debost. Pour la majorité, c'est entre 3 et 7 séances. »
L'évaluation a été confiée à une étudiante en thèse. Les premiers retours montrent que les médecins connaissant le dispositif ont réduit leur prescription d'antidépresseurs. « Sur les trois jeunes que j'ai adressés à un psychothérapeute, deux vont déjà mieux, témoigne le Dr Debost. L'un auprès duquel j’aurais sans doute testé un anxiolytique était en échec scolaire, l'autre était en rupture avec sa mère », avant que la psychothérapie mette un frein à une spirale négative.
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