40 % des adultes hospitalisés concernés

Une campagne nationale pour lutter contre la dénutrition

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Publié le 28/01/2019
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« Nourrir correctement les patients coûte moins cher que de les soigner pour une dénutrition », affirme le Pr Agathe Raynaud-Simon, gériatre à l'hôpital Bichat à Paris. En France, 2 millions de personnes souffrent de dénutrition. À l'hôpital, cette maladie concerne un enfant hospitalisé sur dix ; 20 à 40 % des adultes et 50 % des personnes âgées. Un grand nombre de patients arrivent ainsi à l'hôpital en étant dénutris ou le deviennent au cours de leur hospitalisation. « Le dépistage de la dénutrition repose pourtant sur une mesure simple : peser les patients dès leur arrivée et, régulièrement, lors de leur hospitalisation », souligne le Pr Eric Fontaine, président du collectif de lutte contre la dénutrition et médecin nutritionniste au CHU de Grenoble.

Identifier et prendre en charge la dénutrition

Toute perte de poids rapide chez un patient doit faire suspecter une dénutrition. Le suivi de cette pathologie requiert une connaissance des marqueurs qui la composent (âge, poids, taille des personnes) et, surtout, un suivi de ces données dans le temps. La dénutrition peut engendrer des complications médicales et chirurgicales (infections nosocomiales, délai de cicatrisation, récupération fonctionnelle ralentie…). Toute la difficulté est de parvenir à augmenter les apports alimentaires d’un patient qui a peu d'appétit. « Toutefois, sur ce point, la prise en charge diététique et la prescription de compléments oraux ont montré leur efficacité ainsi que sur le poids, la réduction des complications et la limitation des hospitalisations, sans augmenter les coûts de santé », précise le Dr Fontaine.
Le collectif de lutte contre la dénutrition qu’elle préside vient de lancer une nouvelle campagne d'actions. Il propose une plate-forme de 14 propositions destinées à enrichir le futur Plan national nutrition santé en cours d'élaboration au ministère de la Santé. Ces propositions visent à améliorer la prévention, le dépistage précoce et la prise en charge de la dénutrition. Parmi ces propositions figure, par exemple, la mise en place d'un bilan de santé orale (bucco-dentaire) gratuit à l'âge de la retraite ; la création d’un site internet grand public sur la nutrition des malades et des personnes âgés sous l'égide du ministère de la Santé ou encore, la nécessité d’imposer la pesée des patients à chaque consultation médicale et lors de chaque hospitalisation. 

 

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin: 9719