Un mauvais sommeil candidat dans le diabète

Une bonne raison pour se coucher tôt

Publié le 13/04/2012
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Crédit photo : BSIP

Comme l’indique un éditorial de la revue, notre propre expérience nous montre que le fait de manquer de sommeil ou d’être en décalage horaire peut altérer notre capacité à fonctionner au mieux. On sait que les gens qui travaillent la nuit ou qui dorment trop peu ont tendance à l’obésité ou au diabète. Mais comment ce manque de sommeil peut-il se traduire en ces troubles physiologiques ? Buxton et coll. (médecine du sommeil, Boston) se sont penchés sur la question en simulant, dans des conditions de laboratoire, le mode de vie d’un travailleur posté ou celui d’un voyageur traversant plusieurs fuseaux horaires. Résultat : la perturbation simultanée du sommeil normal et des rythmes circadiens altèrent les fonctions des cellules pancréatiques productrices d’insuline, d’où un état prédiabétique. Pire : les sujets ont une diminution de leur métabolisme basal telle qu’elle pourrait se traduire par une prise de poids annuelle de 5 kg.

Comment Buxton et coll. ont-ils conduit leur étude ? Ils ont admis 21 humains dans un environnement totalement contrôlé pendant six semaines. Ils ont simulé des troubles du sommeil et du rythme circadien tout en maintenant constantes les rations alimentaires et les activités. Un protocole spécialement conçu pour l’étude a permis d’agir séparément sur le sommeil et sur le rythme circadien. Après une phase de stabilisation au cours de laquelle les participants avaient un sommeil adapté à leur rythme circadien, ils ont été soumis pendant trois semaines à des nuits de 5,6 heures de sommeil seulement par 24 heures, tout en étant confrontés à des journées de 28 heures (l’équivalent d’un décalage horaire de 4 heures). Pendant cette période, les participants tentaient de dormir à des horaires inhabituels. Après cette période, ils ont eu une période de récupération de 9 jours.

Pendant les trois semaines de chamboulement du sommeil et du rythme circadien, le contrôle glycémique a été perturbé : les participants ne pouvaient pas produire de réponse insulinique adaptée après les repas, ce qui a, chez certains sujets, entraîné un état prédiabétique. L’ampleur des anomalies, couplées à une baisse du métabolisme basal apparue au cours des trois semaines, pourrait être suffisante pour conduire au diabète et à l’obésité.

Orfeu Buxton et coll. « Science Translational Medicine », 11 avril 2012, vol. 4, n° 129.

 Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : lequotidiendumedecin.fr