Combien vais-je prendre de poids si j’arrête de fumer ? Reprenant 62 études publiées sur ce sujet, le Pr Henri-Jean Aubin* montre que la prise de poids se situe en moyenne à 4,7 kg après un an d’abstinence et intervient surtout lors des trois premiers mois. Un chiffre toutefois supérieur à celui annoncé lors des campagnes de sevrage. « Il y a des messages positifs, rassure le Pr Aubin, un fumeur a 25 % de chance de perdre du poids ou de prendre moins de 1 kg un an après l’arrêt du tabac ».
La prise de poids est l’une des principales préoccupations des fumeurs et fumeuses qui s’engagent dans le sevrage tabagique au-delà des bénéfices sanitaires bien démontrés. Dans cette revue de la littérature publiée dans le« British Medical Journal », Henri-Jean Aubin et coll. ont colligé les données de 62 essais contrôlés randomisés sur le sevrage tabagique, rassemblant 25 084 patients ; elles associent les résultats de 4 types d’essais : trois avec aide pharmacologique, par la varenicline (2 mg/j), le bupropion (300 mg/j) et les substituts nicotiniques, et les « non traités » qui n’ont pas eu recours à un dispositif de sevrage. La majorité des essais (59) mixait des populations venant des États-Unis, d’Europe et d’Australie, à l’exception de 3 menés exclusivement en Asie ; 7 essais n’ont inclus que des femmes.
Des résultats similaires quelle que soit la méthode utilisée
Chez les abstinents non « traités », la prise de poids était de 1,12 kg, 2,26 kg, 2,85 kg, 4,23 kg et 4,67 kg respectivement à 1, 2, 3, 6 et 12 mois après l’arrêt.
Utilisant la moyenne de prise de poids par rapport à une déviation standard, les auteurs montrent qu’après 12 mois d’abstinence, 16 % des anciens fumeurs ont perdu du poids, 37 % ont pris moins de 5 kg, 34 % entre 5 et 10 kg et 13 % plus de 10 kg. Ces pourcentages étaient similaires dans les populations ayant utilisé un sevrage pharmacologique, et indépendants des préoccupations pondérales des sujets.
« L’essentiel de la prise de poids se situe au début du sevrage, commente le Pr Aubin. Plus on avance dans le temps, moins on prend. Les traitements qui retardent la prise de poids sont donc utiles car la tolérance à la prise de poids change au fur et à mesure de l’arrêt et que l’on sent les bénéfices. Par exemple, chez les femmes qui considèrent qu’elles peuvent accepter une prise de poids de 2,3 kg, ce seuil augmente au fur et à mesure du sevrage. De plus, poursuit le spécialiste, si cette prise de poids moyenne de 4,7 kg a un sens pour une population, elle en a moins pour un individu donné car la variabilité autour de la moyenne est considérable. Aucun facteur prédictif n’est apparu dans notre analyse. »
Dans tous les cas, de simples recommandations pour encourager l’exercice physique suffisent à faire une différence au long court. Les bénéfices seront décalés dans le temps.
*Service d’addictologie, hôpital Paul-Brousse, Villejuif.
BMJ 2012;345:e4439.
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