THEATRE
U NE vallée de larmes. Un chemin difficile. Telle est la vie selon Joe Penhall, journaliste et écrivain britannique dont Hélène Vincent met en scène « Voix secrètes ». Une vallée de larmes, un chemin plein d'embûches, telle est la vie en Angleterre aujourd'hui, et c'est cet enchevêtrement entre allusions politiques à une société qui s'est en partie délitée et universalité d'un rapport au monde douloureux, qui fait l'intérêt de la pièce de Joe Penhall.
Mais cette scène proprement anglaise, on pourrait la retrouver partout sur la planète aujourd'hui. Et s'il y a une spécificité du propos de l'auteur ici, c'est d'abord par le personnage de Tom (Vincent Winterhalter) qu'elle passe : il sort de l'asile psychiatrique. Il s'est fait un ami à l'hôpital que l'on retrouvera plus tard (Aristide Demonico). Son frère Steve (Didier Royant), brave, travailleur, divorcé, a fait du pauvre restaurant du père, un lieu à la mode. C'est un beau personnage, généreux, capable de tout faire pour que son frère échappe à l'enfermement - ce qui ne va pas de soi, mais qui a du mal à admettre la rébellion de Tom devant la vie, devant les médicaments qui le ligotent. Tom ne veut pas admettre qu'il est malade, ne veut pas prendre ses neuroleptiques et retourne l'agressivité qu'il réserve d'habitude au personnel médical contre son propre frère.
Telle est la situation de base. Sur le chemin de Tom passe Laura (Claudine Bonhommeau), maltraitée par l'homme qu'elle aime (Georges Richardeau). Tom et Laura se trouvent, dans la tendresse, la douceur. Mais ils n'échapperont pas au ressentiment de Dave, ils n'échapperont pas à la violence ordinaire.
Traduite par Dominique Hollier et Blandine Pélissier, la langue de Penhall est sèche, souvent âpre. Tous ces personnages sont un peu interdits devant la vie. Ils bricolent. Steve n'est pas un intellectuel. Il veut sauver son frère. Il souffre de ses rebuffades. C'est un homme bon, aussi blessé que les autres, mais qui réagit lui, en s'abrutissant de travail, en tentant de « réussir ». Penhall montre qu'il n'y a pas de solution. Mais, par-delà la violence, par-delà ce qu'il nous raconte de l'impossibilité à comprendre vraiment l'autre, il sait ménager des scènes de tendresse, d'affection et même d'espoir. Le spectacle doit beaucoup au sens des équilibres d'Hélène Vincent, qui a su s'entourer d'une belle équipe artistique (décor ingénieux de Tim Northam, lumière Gaëlle de Malglaive, son Papon Lofficial, musique Thierry Méanard) et de comédiens attachants et sensibles qui, chacun à sa manière, défend de toutes ses fibres son personnage. Un beau travail.
Théâtre de l'Est Parisien, à 20 h 30 les mercredi, vendredi, samedi, à 19 h 00 le jeudi, à 15 h 00 le dimanche (01.43.64.80.80). Jusqu'au 1er avril.
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