Si « Le Généraliste » était paru en avril 1912

Un médecin victime d’une cruelle mystification

Publié le 29/04/2015

Un médecin des plus connus à Paris et qui compte parmi ses clientes les plus jolies artistes parisiennes vient d’être victime d’une très cruelle petite plaisanterie. Il rencontra dernièrement chez des amis un brave homme très pauvre qui se plaignait de l’estomac, du foie et de la rate :

– Allez à Vichy faire une cure, conseilla le bon docteur…

– À. Vichy ! Grands dieux, Docteur, où prendrais-je l’argent !

Le bon docteur s’excusa et expliqua :

– Mais alors, prenez des eaux… C’est moins cher. Achetez des bouteilles de Vichy. Par exemple, avec vingt bouteilles…

Le pauvre homme recommence à gémir, invoque encore le ciel :

– Hélas, Docteur, mais je n’en ai pas les moyens… Vingt bouteilles ! Jamais je n’achèterai vingt bouteilles…

Le bon docteur, ému, tendit discrètement vingt francs au pauvre homme : « Tenez mon ami… et soignez-vous ! ». Or, un mois après, le bon médecin rencontre le pauvre homme et le questionne :

– Eh bien, mon ami, avez-vous suivi le régime ? Avez-vous bu de l’eau ?

– Non, Docteur, répondit froidement le pauvre homme, non… Mais avec vos vingt francs, je suis allé consulter un spécialiste !

Le docteur, qui est un homme d’esprit, loin de se fâcher, prend plaisir à raconter l’histoire à ses amis.

(Actualité, avril 1912)

Source : lequotidiendumedecin.fr