Troponines : des marqueurs sensibles de souffrance myocardique

Depuis quelques années, des dosages de troponines, troponines T et Ic, sont pratiqués afin de définir la survenue d'un infarctus du myocarde ; ces protéines, spécifiques du myocarde, sont beaucoup plus sensibles que les CPK-MB ; en effet, des élévations de troponines peuvent être retrouvées alors que les CPK-MB restent normales. Cette élévation signe toujours une agression du myocarde ; la dilatation peut en faire partie.
Afin de mesurer la valeur prédictive d'une élévation de troponine Ic dans les suites immédiates d'une dilatation par stent, des mesures ont été faites avant le geste de revascularisation et à J1 par les départements de cardiologie de l'hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP) et du CHU de Toulouse. Cent quatre-vingt dix-huit patients, issus du registre français VIGILANCE, avec des valeurs normales de troponine Ic avant l'angioplastie, ont été inclus.

Le profil des enzymes cardiaques

Trente-trois patients, soit 17 %, ont eu une élévation de la troponine Ic après le geste de dilatation. La moitié d'entre eux a eu concomitamment une élévation des CPK-MB. Pour les investigateurs de l'étude, ces résultats sont cohérents puisque ces deux paramètres biologiques objectivent un certain degré de nécrose myocardique.
D'autres patients ont élevé leurs troponines alors que les CPK-MB sont restées normales. Le profil de ces patients est le même que celui des patients qui ont eu à la fois des taux de CPK-MB et de troponines élevés. Ce sont des patients plus âgés, globalement plus à risque que ceux dont ni les CPK, ni les troponines ne s'élèvent.
Cela confirmerait qu'une élévation même isolée des troponines traduit un certain degré de nécrose myocardique induit par l'angioplastie.
A un mois de suivi, dans ce registre, l'élévation des troponines n'a pas eu d'influence pronostique. Un suivi à six mois et à plus long terme est en cours pour savoir si les élévations de troponines ont une signification pronostique. A suivre.

D'après un poster présenté par Nicolas Danchin (HEGP, Paris) au 23e Congrès de la Société européenne de cardiologie à Stockholm. Travail conjoint des équipes de cardiologie de l'HEGP et de biochimie du CHU de Toulouse, avec l'ensemble des centres participant au registre français Vigilance.