Classique
Par Olivier Brunel
O UTRE d'être un sommet de raffinement dans la magnifique production de Nicholas Georgiadis et la chorégraphie très originale de Kenneth MacMillan si mal accueillie à sa création à Londres comme à New York (le chorégraphe fut accusé de misogynie par les féministes) et aujourd'hui un classique, « l'Histoire de Manon » est aussi une réussite totale sur le plan du découpage musical. Leighton Lucas a réalisé une orchestration idéale à partir de musiques de Jules Massenet provenant de l'ensemble de son uvre... sauf de l'opéra « Manon » !
Le thème directeur du couple Manon-Des Grieux est la très célèbre Elégie et tout est parfaitement en situation dramatique avec l'action. David Coleman, à la tête de l'orchestre Colonne, a mené de main de maître cette magnifique partition.
C'est avant tout l'intelligence du travail de MacMillan et son immense compréhension et amour des danseurs qui rend cette chorégraphie unique. Toute l'ébouriffante virtuosité dont il a truffé les pas de deux, les solos, les ensembles, est toujours au service de la passion qui ravage le couple Manon-Des Grieux et tous ceux qu'ils entraînent dans un tourbillon infernal.
Pour Manon, il a inventé un rôle de femme sensuelle qui ne renie pas son goût pour le luxe et les bijoux et n'hésite pas une seconde à tout leur sacrifier mais garde la tête froide, y compris dans la terrible dégringolade du dernier acte. Isabelle Guérin, qui avait abordé le rôle lors de la dernière reprise en 1998, y a gagné en intensité ; tendre et séductrice d'emblée puis très aguichante au second acte, pathétique dans sa scène avec le geôlier et encore plus dans celle de sa mort, elle passe en trois heures par tout le spectre des émotions féminines sans ne jamais rien sacrifier à la virtuosité qui est transcendée au point qu'elle ne se voit pas.
De même l'engagement total de Manuel Legris dans un rôle où MacMillan a cumulé les difficultés avec des pas de deux périlleux, acrobatiques même, avec ses glissades au sol et ses portés peu classiques sans parler des longs moments de contemplation immobile où seule peut jouer l'expression d'un visage, d'une main, qui sont pour un soliste autant de cadeaux empoisonnés. Manuel Legris y rayonne d'intelligence dramatique et de simplicité. Dans le rôle de Lescaut, frère de Manon, Yann Saïz brille de spontanéité et d'humour même s'il paraît un peu trop jeune pour aller jusqu'au bout de la vilenie du personnage comme le fait si bien son aîné Kader Belarbi.
Compliments aussi aux seconds rôles, Laurent Queval en Monsieur de G.M., Marie-Agnès Gillot très dégingandée dans le rôle de la maîtresse de Lescaut, et aux silhouettes, Viviane Lacouture en « Madame », Emmanuel Hoff en geôlier, tout concourait pour faire de cette « Manon » une soirée de danse et de musique inoubliable.
Opéra-Garnier (08.36.69.78.68) : dernière représentation le 27 à 19 h 30. Prochain spectacle : « Jir[146] Kyli[135]n » les 26, 28, 29, 31 mars ; 3, 4, 16, 18, 19 et 21 avril à 19 h 30 ; le 25 mars à 15 h. Prix des places : de 30 à 355 F.
Une « Aïda » de Verdi « pharaonique » au Stade de France
Avec « Aïda » de Verdi, l'opéra fera son entrée au Stade de France de Saint-Denis le 14 septembre 2001. 160 choristes, 40 danseurs et 300 figurants, des chevaux (mais pas d'éléphants), soutenus par un orchestre de 110 musiciens, se déploieront sur les 9 000 m2 de la pelouse du stade pour faire revivre les amours impossibles d'Aïda, l'esclave éthiopienne et de Radamès, le général du pharaon d'Egypte. Petrika Ionesco signera la mise en scène du spectacle.
Le budget de cette production privée, qui devrait marquer spectaculairement le centenaire de la mort de Verdi, se monte à 15 millions de francs. 70 000 spectateurs sont attendus, mais avec 35 000 places vendues l'objectif des organisateurs sera atteint. La location est ouverte depuis le 15 février, les prix des places allant de 225 à 810 F.
Radio France est associée à cette « Aïda » avec son Orchestre philharmonique dirigé par Marco Guidarini et s'est engagée pour trois ans avec le Stade de France pour d'autres opérations associant ses autres formations (Orchestre national de France, Chur et Maîtrise).
France Inter relayera en direct du Stade de France cette « Aïda », Frédéric Lodéon présentant les principaux extraits de l'ouvrage. Pour sensibiliser le public à l'événement, le Stade de France envisage la publication d'une bande dessinée dans les journaux sur l'histoire d'Aïda ainsi qu'un feuilleton radiophonique.
Renseignements et réservations : 0.892.68.36.22, 3615 FNAC, www.fnac.com. Prix des places : de 225 à 810 F.
Livres
« Le Guide des musiques de Cuba »
Pratique comme un guide de voyage, ce panorama de la musique cubaine permet d'en savoir plus sur origines, histoire, cheminement de cette expression musicale très à la mode sur place et dans le monde grâce à la passion de Helio Orovio Diaz et Olivier Cossard.
Fayard - « Mille et Une Nuits », 191 pages, 49 F.
Maestro Verdi
« L'Avant-Scène Opéra », qui en vingt cinq ans a publié tant de livrets d'opéras du compositeur italien dont on fête cette année le centenaire de la mort, consacre son numéro 200 à Verdi. Vingt regards sur l'histoire de l'interprétation de Verdi, sur l'uvre et sur la passion pour une musique entièrement consacrée au théâtre et à la foi religieuse. Un superbe panorama à déguster lentement.
« L'Avant-Scène Opéra », 155 pages, 120 F.
Quatre années sans relâche
Pierre Barillet, auteur dramatique dont la carrière est couronnée par le triomphe mondial de comédies comme « Fleur de Cactus » et « Quarante Carats » (en collaboration avec Jean-Pierre Grédy) a récemment publié une biographie de Flers, Caillavet et Francis de Croisset, qui fait désormais autorité et référence. Il publie aujourd'hui le récit des années d'occupation 1940-1944 vues sous l'angle de la vie théâtrale et culturelle parisienne et par l'il d'un lycéen avide de spectacles. Cocteau, Marais, Trenet, Yvonne Printemps, Gérard Philipe sont parmi tant d'autres les personnages de ce passionnant kaléidoscope qui de la scène aux coulisses raconte la passion de celui qui deviendrait un jour un de leurs pairs.
Editions de Fallois, 335 pages, 120 F.
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