Traiter les anomalies du retour veineux en même temps que l'ulcère permet une meilleure cicatrisation

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Publié le 24/04/2018

Traiter le retour veineux de manière précoce en cas d'ulcère veineux de la jambe permet une meilleure cicatrisation de cet ulcère, selon une étude britannique publiée dans « The New England Journal of Medicine ».

L'essai EVRA (pour Early Venous Reflux Ablation) a inclus 450 patients présentant un ulcère veineux de la jambe depuis moins de 6 mois. Ils ont été suivis pendant un an et répartis en deux groupes. Les 224 patients du groupe « intervention précoce » ont bénéficié, en plus de la thérapie par compression standard, d'une ablation endoveineuse des veines concernées dans les 2 semaines qui ont suivi la randomisation. Les 226 patients du groupe « intervention différée » n'ont bénéficié systématiquement que de la compression. L'ablation n'était envisagée qu'après cicatrisation de l'ulcère ou bien jusqu'à 6 mois après la randomisation en l'absence de cicatrisation.

« L'idée d'un traitement précoce n'est pas nouvelle et n'est pas dénuée d'intérêt. Les veines à l'origine de la stagnation veineuse qui provoque l'ulcère sont ainsi traitées sans attendre la cicatrisation de l'ulcère », indique au « Quotidien » le Pr François-André Allaert, angiologue (centre d'investigation clinique du CHU de Dijon), en commentaire de cette étude.

Une cicatrisation plus rapide avec un traitement précoce du retour veineux

La cicatrisation de l'ulcère est plus rapide chez les patients du groupe « intervention précoce », puisqu'elle survient en moyenne au bout de 56 jours contre 82 pour les patients du groupe « intervention différée ». De plus, le taux de guérison à 24 semaines est respectivement de 85,6 et de 76,3 %. L'analyse de la récidive est également en faveur d'une intervention précoce puisque le taux de récidive à 1 an est de 11,4 % pour ces patients contre 16, 5 % dans le deuxième groupe. Dans le même sens, le temps passé sans ulcère au cours de l'année de suivi est plus important chez les patients bénéficiant de l'intervention précoce (306 versus 278 jours).

Selon le Pr Allaert, « cette étude vérifie ainsi l'hypothèse selon laquelle traiter les anomalies du retour veineux qui alimentent l'ulcère veineux en parallèle de la compression offre à l'ulcère de meilleures conditions de cicatrisation ».

Une approche qui pourrait se généraliser

Ainsi, « ces résultats obtenus sur un grand nombre de patients montrent sans ambiguïté l'intérêt du traitement précoce du retour veineux et ouvrent ainsi la voie à la généralisation de cette approche », estime le Pr Allaert. Il s'interroge par ailleurs : « Il pourrait même être intéressant de traiter les patients beaucoup plus tôt, en traitement de la maladie veineuse, avant l'apparition de l'ulcère. La maladie veineuse n'est pas assez traitée aujourd'hui. »

Plusieurs techniques existent pour scléroser une veine. La sclérothérapie échoguidée à la mousse a été la plus couramment utilisée dans l'étude EVRA. « Ces résultats sont sans doute extrapolables à l'ensemble des techniques de sclérose », avance le Pr Allaert.


Source : lequotidiendumedecin.fr