P REMIERES causes de décès chez les 25-34 ans (un quart) et deuxièmes entre 15 et 24 ans, après le volant meurtrier, l'autolyse par arme à feu, l'auto-intoxication, la pendaison, la noyade et la chute volontaires (tableau) sont « affaires » d'hommes.
Seulement 27 % des suicidés sont des femmes. Et sur 8 100 hommes qui se donnent la mort chaque année (29/100 000, 3,8 % de la mortalité masculine), un peu plus de la moitié sont âgés de 35 à 54 ans. Le mal-être mortel affecte 41 quadragénaires sur 100 000, 73 octogénaires et 133 nonagénaires. Ainsi, les 11 140 suicides dont témoignent des certificats établis par des médecins « en l'absence de problème médico-légal » représentent 2,1 % de la mortalité globale, soit un taux de 19 pour 100 000 habitants, souligne une étude portant sur l'année 1997, réalisée par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité*.
En fait, compte tenu de la difficulté à identifier avec certitude l'intentionnalité de l'acte suicidaire, les experts parlent d'une sous-estimation de l'ordre de 20 %, voire 25 % chez les plus jeunes. Le nombre des victimes serait alors, en 1997, de 13 368-13 925.
Tentatives et récidives
Le mal-vivre, bien sûr, n'est pas toujours fatal, mais il n'en est pas moins douloureux puisqu'il peut conduire à des tentatives de suicide. Sur 160 000 suicidants annuels, une majorité, d'ailleurs, a un contact avec le système de soins (tableau). Contrairement au suicide, la tentative est l' « affaire » des femmes qui, pour ce faire, utilisent majoritairement l'intoxication médicamenteuse. En 1997, quelque 155 000 prises en charge ont été effectuées, parmi lesquelles, évidemment, certaines concernent la même personne, auteur de récidive(s). A ce propos, il est rappelé que le risque de décès est très fortement supérieur chez les sujets ayant déjà fait une ou plusieurs tentatives. En 1986, une enquête de l'INSERM concernant 3 273 patients dénombrait 43 % de suicidants récidivistes. Une nouvelle tentative a lieu pour 24 % dans les trois mois, 35 % dans les six mois, 56 % dans l'année et 75 % dans les deux ans.
Le généraliste est le premier intervenant sollicité dans une tentative de suicide sur deux. Il décide trois fois sur quatre un recours à l'hospitalisation. Dans les autres cas, le maintien à domicile lui semble préférable et possible.
Cela étant, au-delà de l'aspect médical incontournable, le mal-être de sujets fragilisés par la vie interpelle ou montre du doigt nombre d'acteurs de la société, comme les employeurs, les bâtisseurs de logements sociaux ou encore les familles elles-mêmes.
* « Etudes et résultats », n° 109, avril 2001.
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