On estime, en France, à 50 000 par an le nombre de cas de sepsis sévères. C'est un fléau de santé publique grevé d'une forte mortalité, de l'ordre de 30 à 50 %, dont le coût de prise en charge hospitalière est élevé, et d'autant plus important que le patient décédera (hospitalisation plus longue).
Des microthrombi
Le sepsis, secondaire à un traumatisme, une brûlure, une pancréatite, une infection, est un syndrome de réponse inflammatoire systémique (SIRS) à une infection suspectée ou confirmée, défini par au moins deux paramètres : fièvre ou hypothermie, polypnée, tachycardie, hyperleucocytose. Le sepsis sévère comporte outre une infection grave avec septicémie, la défaillance induite par l'infection d'un ou de plusieurs organes (défaillance cardio-vasculaire, respiratoire, rénale, hématologique, souffrance tissulaire) avec, au stade ultime, un choc septique.
Au cours du SIRS, souligne le Pr D. Payen (hôpital Lariboisière, Paris), la libération de médiateurs de l'inflammation et l'activation de la coagulation (microthrombi) avec amplification réciproque entraînent des dysfonctions d'organes.
La protéine C activée est un régulateur essentiel de la coagulation, elle a une activité antithrombotique (inactivation des facteurs Va et VIIIa), profibrinolytique, et contribue à diminuer la réponse inflammatoire (réduction du taux d'IL6).
Un essai international sur 1 690 patients
Xigris (drotrécogine alfa) est une protéine C obtenue par génie génétique à partir de cellules humaines, secondairement activée par la thrombine. Utilisée dans les unités de soins intensifs, à posologie unique en perfusion veineuse, 96 heures en perfusion veineuse continue, elle bénéficie d'une demi-vie brève (élimination presque totale après deux heures).
L'AMM européenne (août 2002) a été décidée sur les résultats de l'essai international PROWESS (Recombinant Human Activated Protein C Worldwide Evaluation in Severe Sepsis) multicentrique, randomisé contre placebo (« New England Journal of Medicine » du 8 février 2001). Il porte sur 1 690 patients ayant un sepsis sévère, avec au moins une défaillance d'organe, bénéficiant d'une prise en charge conventionnelle optimale (antibiothérapie, notamment).
L'essai montre avec Xigris une réduction absolue de la mortalité de 6,1 %, hautement significative. L'AMM a été décidée sur les données concernant la sous-population (1 271 cas) de patients ayant un sepsis sévère, avec deux défaillances d'organe ou plus : réduction absolue de la mortalité de 7,4 %, et réduction du risque relatif de décès dû au sepsis de 21,9 % au 28e jour. Xigris a permis la survie d'un malade sur cinq qui aurait dû décéder.
Le principal risque est hémorragique, principalement au cours de la perfusion (2,4 % événements graves, 1 % placebo), en partie lié à des procédures invasives (cathéter, sonde, etc.). Il doit être bien pris en compte, avec strict respect des contre-indications et des précautions d'emploi. En cas de geste invasif, la perfusion est arrêtée deux heures avant et reprise six heures après (douze heures pour un geste chirurgical).
« Après dix ans d'échec des essais dans la modulation de l'inflammation au cours du sepsis sévère, Xigris est le premier traitement démontrant une réduction significative de la mortalité, avec un profil de tolérance acceptable », estime le Pr J.-F. Dhainaut (hôpital Cochin, Paris). Les résultats apparaissent indépendants de la nature de l'infection.
Prochainement seront publiées les données de la cohorte Enhance (en ouvert menée aux Etats-Unis). Trois essais internationaux (avec participation française) doivent commencer en 2003, dont un en pédiatrie et un autre évaluant l'association héparine-Xigris.
Paris. Conférence de presse organisée par le Laboratoire Lilly.
Renseignement en ligne : www.SepsisNet.com
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