I LS sont 38 000 à avoir posé leur candidature au jeu de « real TV », « Loft story », programmé par la chaîne de télévision M6, à partir du 26 avril prochain (1). Une émission télévisée d'un nouveau genre en France, mais dont le principe, - « la fiction réelle », selon les propres termes du producteur-, est connu et apprécié par le public américain.
Pendant dix semaines, 11 célibataires sans enfant, 6 garçons et 5 filles, vont vivre dans une maison - un loft - coupée du monde, sous l'il de caméras de télévision, filmant leurs faits et gestes 24 heures sur 24. Les candidats ont entre 18 et 35 ans et ne se connaissent pas. Ils se rencontreront le jour de la première émission. Le but de « Loft story » est de construire un couple et « d'unir deux candidats dans une love story », souligne-t-on à M6.
Une élimination par semaine
Durant les deux premières semaines, les 11 candidats font connaissance et les téléspectateurs les découvrent. A la fin de la deuxième semaine, les 5 filles nomment 2 garçons qu'elles proposent à l'élimination. Le public choisit lequel des deux doit quitter la maison. A la fin de la troisième semaine, ce sont les garçons qui désignent 2 filles. L'une d'elles est éliminée. Et ainsi de suite. En fin de dixième semaine, il ne reste qu'un garçon et une fille. Le couple a la possibilité de gagner une maison d'une valeur de 3 millions de francs, s'il y vit pendant six mois. Durant cette période, chacun bénéficie d'un défraiement mensuel de 10 000 F. Il n'y a pas obligation de faire chambre commune.
D'une superficie de 225 mètres carrés, le loft est entouré d'un jardin accueillant une piscine, un potager et un poulailler. Une mise en scène hollywoodienne : le décor et les figurants sont encerclés par un rail de caméra (26 caméras dont 3 infrarouges) et le loft est truffé de micros (plus de 50 micros dont 11 micros-cravates et 10 omnidirectionnels).
« Lors de l'audition des candidats, nous devons détecter toute pathologie psychologique ou psychiatrique qui serait dangereuse et pour le candidat, et pour les autres participants », explique le Dr Didier Destal, psychiatre, qui dirige l'équipe de 7 psychologues chargée du suivi du processus de recrutement. C'est lui qui a exigé que le candidat n'ait pas d'enfant : « Cela répond à mon éthique personnelle. Je ne veux pas que des gamins de 7 ou 8 ans soient confrontés à la vision quotidienne de l'intimité de leurs parents. »
S'il n'existe pas de portrait-type du candidat idéal - la chaîne veut au contraire des personnes avec des personnalités très différentes -, il est évident qu'il « faut des gens bien dans leur peau, extravertis, plutôt que des gens tristes et déprimés », note le Dr Destal.
Seulement 50 candidats restent en lice sur les 38 000 volontaires du début. Cette cinquantaine de personnes est actuellement soumise à une batterie de tests médicaux, pratiqués dans le cadre d'un bilan de santé général, et subit un examen psychologique d'une durée de 3 heures minimum.
Bien dans leur tête et équilibrés
Le psychiatre écarte d'emblée « les gens qui présentent des antécédents suicidaires, les pervers manipulateurs, les profils paranoïaques ou les personnes en situation de fragilité personnelle ». Au cours des entretiens, « nous explorons ce qui soutient, chez un candidat, l'envie de participer au jeu, comment ce projet s'articule avec l'entourage familial, si la personne pèse les conséquences de son engagement. Nous essayons d'anticiper sa réaction dans le cas où il serait exclu ». Le Dr Destal « est très surpris par l'équilibre des gens auditionnés ». « Les cinquante personnes encore en compétition sont bien dans leur tête, sains, équilibrés, dit-il. La plupart d'entre elles font cela par défi, dans le but de s'explorer d'elles-mêmes. Elles voient ça comme un jeu et restent très peu intéressées par le gain. » Si l'on retrouve un peu d'exhibitionnisme chez certains des candidats, « cela ne s'exprime pas de manière pathologique. Cela passe au second plan », affirme le psychiatre.
Le producteur recrute donc des esprits sains, dans un corps - si possible - sain. Les candidats font en effet un bilan complet avec un généraliste. Plusieurs tests sont pratiqués : recherche d'allergies aux pollens, aux poils d'animaux, aux médicaments, test tuberculinique, dépistage du VIH, des VHB et VHC.
Discriminations
En instaurant cet examen médical très poussé, le producteur s'est d'ailleurs attiré les foudres de l'association de lutte contre le SIDA, Act-Up, qui n'a pas apprécié : « Imposer de tels tests est illégal et discriminatoire, écrit-elle dans un communiqué. Rien ne peut justifier de telles pratiques ». Act-Up exige des responsables de M6 « qu'ils cessent toute pratique discriminatoire dans la sélection des candidats, qu'ils garantissent aux candidats l'accès au matériel de prévention et qu'ils communiquent régulièrement auprès du grand public sur les risques de transmission du VIH et les moyens de se protéger ».
« La position d'Act-Up a été importante, utile, courageuse pendant des années, constate le Dr Destal , mais là, ils sont à côté de la plaque ». Selon lui, « la confidentialité des résultats des tests est strictement respectée ». « Aucun statut sérologique ne sera révélé à personne, confirme-t-il. Mais nous devons disposer d'un dossier médical complet qui nous permette d'intervenir s'il y a un problème. Nous devons savoir qu'une personne séropositive est susceptible de prendre des médicaments, pendant son séjour dans la maison. Quant aux messages de prévention, ils passent au moment des entretiens avec les médecins ».
Le Dr Destal maintient que « ne seront exclus que les gens présentant une pathologie grave, type leucémie, tuberculose active, etc. ». Act-Up promet néanmoins qu'elle « ne lâchera pas l'affaire tant que les tests de dépistage seront imposés ».
(1)70 émissions quotidiennes de 32 minutes, 11 émissions hebdomadaires de 120 minutes en prime time et 11 « best of » hebdomadaires de 52 minutes. Les émissions quotidiennes sont animées par Benjamin Castaldi.
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