O N en parle moins et pourtant, les 11 et 18 mars prochains, la France doit renouveler, dans la moitié de ses cantons, ses conseillers généraux(voir encadré). Comme les municipales, les élections cantonales ont lieu tous les six ans. Cette fois, les dates coïncident. Dommage, diront certains. Les enjeux politiques des municipales sont tels que les mairies se taillent la part du lion dans les médias aux dépens des conseils généraux dont les compétences, dans le secteur sanitaire et social, notamment, sont vastes. L'action sanitaire et sociale absorbe, à elle seule, plus de la moitié des dépenses de fonctionnement des départements.
Pour ses premiers pas en politique, Gilles Garnier, actuellement chef de cabinet de la ministre de la Jeunesse et des Sports, Marie-George Buffet, a préféré le canton à la commune. Il se présente donc, à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), sous l'étiquette PC, avec le soutien du Mouvement des citoyens (MDC) et de la gauche radicale. Domicilié à Noisy-le-Sec depuis douze ans, Gilles Garnier occupe, par ailleurs, la quinzième place sur la liste de la gauche plurielle pour les municipales. Il est entré au Parti communiste en 1984. Avant de rejoindre l'équipe de Marie-George Buffet, il était directeur de cabinet de Jean-Louis Mons, maire de Noisy-le-Sec.
Pour ce militant du social, le département est un terrain d'action idéal. Il l'a arpenté avec le milieu associatif, aux côtés des malades du SIDA, notamment. Il nourrit aujourd'hui d'autres desseins pour le canton, dans la peau, cette fois, d'un futur élu.
Il a rejoint le milieu associatif en 1994, assurant la vice-présidence de l'association la Contremarque, afin d'apporter une aide psychologique aux personnes infectées par le VIH. « Autour de moi, il y avait beaucoup de personnes atteintes, dit-il. J'ai perdu beaucoup d'amis. » C'est aussi en 1994 qu'il se porte volontaire pour tester des candidats vaccins contre le VIH. Durant cinq ans, à l'hôpital Cochin, il participe à trois essais thérapeutiques. « C'est ma manière à moi d'aider à faire reculer l'endémie », confie-t-il. Il ajoute que, dans le domaine du SIDA, « les élus locaux peuvent avoir un engagement citoyen ». Selon lui, « tout dépend de la manière dont ils s'occupent de cette question ». A 42 ans et avec son expérience Gilles Garnier s'estime manifestement « à point ». Assez mûr pour avoir envie de faire plus, avec les compétences dont dispose le département. En matière sanitaire et sociale, les conseils généraux interviennent dans plusieurs domaines : l'aide sociale à l'enfance et aux familles, l'aide aux personnes handicapées et aux personnes âgées, la lutte contre la tuberculose et le cancer, la protection maternelle et infantile (PMI), et la tutelle des établissements sociaux.
A chaque département ses particularités. Avec la population la plus défavorisée d'Ile-de-France - « une population jeune dont une grande partie est d'origine étrangère », précise le candidat -, la Seine-Saint-Denis « doit apporter une attention particulière à la santé de ses habitants ». « La prévention du SIDA n'arrive pas là où elle devrait arriver, c'est-à-dire toucher les populations étrangères, estime Gilles Garnier. Les maladies sexuellement transmissibles (MST) progressent. Si nous ne parvenons pas à cibler la prévention, nous risquons d'avoir des surprises dans quelques années. »
Un département modèle ?
Pour le reste, mise à part la lutte contre la tuberculose qu'il se promet d'intensifier, Gilles Garnier fait de la Seine-Saint-Denis un département modèle. « D'ailleurs, je m'inscris dans la continuité de ce qui a été fait. » Vingt sur vingt au conseil général pour sa politique de prévention bucco-dentaire : les caries chez les 6-12 ans ont reculé de plus de 40 %. Pas mal non plus en matière de dépistage du cancer : 138 000 dépistages ont été réalisés depuis 1998. Le conseil général subventionne plusieurs associations locales d'accompagnement des malades du SIDA et des personnes séropositives (dont la Contremarque). Un contexte suffisamment favorable pour qu'AIDES installe une de ses antennes à Noisy-le-Sec. A la suite d'une enquête, diligentée par le ministère de la Jeunesse et des Sports, sur les comportements à risque des jeunes (« le Quotidien » du 5 décembre 2000), le département a mis en place des sessions de formation des éducateurs sportifs, afin qu'ils dépistent d'éventuels comportements à risque chez les jeunes en milieu sportif. « Ils surveillent leur consommation d'alcool, d'excitants. Ce sont de bons médiateurs, bien placés pour faire parler les jeunes de leur vie, en général ».
Gilles Garnier : « La prévention du SIDA n'arrive pas là où elle devrait arriver ».
De nombreux médecins conseillers généraux
Parmi les fonctions électives, la fonction de conseiller général est celle où le corps médical est le mieux représenté. Sur les 2 018 conseillers sortants qui doivent être renouvelés les 11 et 18 mars, on compte en effet 296 médecins, chirurgiens ou dentistes, soit près de 15 %. Un pourcentage presque dix fois plus élevé que celui des médecins maires (584 médecins sont maires selon le ministère de l'Intérieur, soit 1,6 % du total).
Dans les conseils généraux, les médecins constituent la catégorie la mieux représentée après les retraités et les fonctionnaires de l'Education nationale.
Rappelons que le nombre global de conseillers généraux est légèrement supérieur à 4 000 et qu'ils sont élus pour six ans et renouvelés par moitié tous les trois ans.
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