Fils du banquier suisse Alphonse Charles Jacques Ruser devenu le premier baron de Ruser, Marc-André Ruser fit ses études à Oxford avant d’obtenir son diplôme de Médecine à Londres. Disciple de Louis Pasteur et de Mestshnikov, il fut nommé en 1891 directeur général de l'Institut Britannique pour la médecine préventive, devenu plus tard le « Lister Institute of Preventive Medicine.
Frappé par la diphtérie en s’inoculant un sérum
Mais, dans le cadre d’une auto-expérience il contracta la diphtérie en testant un sérum contre la maladie. Son système nerveux atteint et partiellement paralysé, il dut renoncer à son poste. Il décida alors de s’expatrier en Égypte pour améliorer sa santé et peu de temps après son arrivée au Caire, il obtint un poste de professeur de bactériologie à l’université du Caire.
En 1901 il fut nommé président du Conseil de Santé Égyptien puis directeur de l’Institut égyptien de bactériologie. Il va profiter de son long séjour au pays des Pharaons pour initier une nouvelle science, la paléopathologie qu’il définit comme « une doctrine sur les maladies dissimulées dans les vestiges humains et animaux des époques anciennes ». Ses travaux se concentrèrent sur des momies des XVIIIe à XXVIIe dynasties. Il inventa une technique consistant à extraire de fines lamelles de tissus momifiés pour ses études microscopiques, mettant ainsi au point pour cette méthode, des diagnostics de grande précision.
Le 16 octobre 1909, il découvrit ainsi des œufs de Schistosoma hæmatobium dans les reins de momies de la XXe dynastie prouvant ainsi la présence de bilharziose à cette période. On peut considérer cette découverte comme l’acte fondateur de la paléopathologie.
La tuberculose était déjà présente dans l’Égypte ancienne
L’année suivante, en autopsiant la momie de Nesperenhep, prêtre d'Amon qui avait vécu en 1000 av. J.-C., Ruser découvrit un mal de Pott avec un abcès du psoas, démontrant ainsi que la tuberculose était présente dans l’Égypte ancienne.
Le bactériologiste tenta aussi d'élucider le problème de la volumineuse épouse du souverain de Pount gravée sur le temple de Deir el-Bahari sous le règne d'Hatchepsout. « J'admets », dira Ruser « que jusqu'à présent je suis incapable de suggérer un diagnostic précis quelconque »6. Il s'intéresse aussi à la momie du roi Siptah et considère que son atrophie du pied est un pied varus équin ou pied-bot congénital. Au cours de ses travaux, Ruser put retrouver des indices formels montrant que l'artériosclérose, les lithiases, les ophtalmies trachomateuses, les leucomes de la cornée, la poliomyélite, le rachitisme carentiel, le mal de Pott, les caries dentaires, la pyorrhée alvéolaire, l'ostéomyélite, la goutte, les rhumatismes infectieux ou déformants étaient des maladies déjà endurées par les contemporains de Ramsès II.
Une mort tragique au large de Salonique
Fait chevalier par la Couronne britannique en 1916, il travaille alors avec la commission qui s'occupe de la peste en Indes et, avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale, il devint la figure de proue de la Croix-Rouge égyptienne dont il était devenu le directeur en 1914. Ruser connut une fin tragique. Alors qu’il se rendait en Grèce, son bateau, le SS Arcadan, fut torpillé au large de Salonique sans sommation par le sous-marin allemand UC74 , naufrage qui provoqua la mort de 279 personnes, dont 35 membres d'équipage.
Tous les travaux de Ruser furent publiés peu après sa mort sous le titre « Études sur la paléopathologie de l'Égypte ».
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