O N fait du sport pour le plaisir d'abord, pour la santé ensuite mais aussi pour la convivialité et la rencontre avec des amis. La pratique du roller ne déroge pas à la règle, mais, malheureusement, elle entraîne entre 40 000 et 60 000 accidents annuels, dont 80 % sont dus à la chute. L'impact médico-économique est lourd.
« Il faut savoir que seul 1 % des adeptes du roller accidentés avait une assurance spécifique, que 18 % d'entre eux subissent une hospitalisation, et 21 % bénéficient d'un arrêt de travail », explique le Dr Pierre Espinoza (urgentiste), médecin de santé publique qui anime le Réseau Sentinelles urgences à l'Hôtel-Dieu de Paris.
Les traumatismes-types
On peut assez bien définir le profil de l'accidenté et les conséquences traumatologiques sur le plan chirurgical. Une enquête menée à l'hôpital Necker auprès d'enfants et d'adolescents, populations représentatives des adeptes du roller, a mis en évidence un type de traumatisme spécifique. Les blessés présentent des contusions et des dermabrasions, lésions cutanées qualifiées par les aficionados de « pizza » ! A cela s'ajoutent des hématomes et des plaies. Ensuite, explique le Dr Céline Cadilhac (orthopédiste pédiatrique à l'hôpital Necker, Paris), on relève surtout des fractures des poignet, radius, cubitus, mais aussi des décollements épiphysaires et des diaphyses des deux os de l'avant-bras. « Ces fractures sont communes à d'autres sports, mais elles sont souvent dans le cas précis accompagnées de déplacements car les traumatismes sont qualifiés à haute énergie », renchérit-elle. Le patient est donc très sensible à la douleur et il faut être vigilant et anticiper les complications neurologiques et post-traumatiques. La surveillance après traitement doit être précise pour éviter les complications secondaires,
développement d'un cal vicieux ou d'une épiphysiodèse du cartilage de croissance.
La plupart des fractures sont simples. Même dans ce cas, elles peuvent entraîner absentéisme scolaire et arrêt de travail pour les parents, auxquels s'ajoutent les demi-journées pour les visites de contrôle. Un poids économique jugé non négligeable et qui a conduit les professionnels de l'assurance à se pencher sur le sujet.
Agir d'une manière transversale
« La responsabilité individuelle, associative, commerciale, éducative, publique est à définir dans un statut du "rolleriste". Le médecin observateur social peut apporter sa contribution dans le domaine de la prévention », déclare le Dr Espinoza. En effet, le constat conduit à réfléchir à l'adaptation de la
charte d'Ottawa sur la promotion de la santé. « Pour prévenir les accidents, explique le Dr François Baudier (CNAMTS), il faut améliorer les protections, les inscrire dans des normes, créer des milieux favorables en aménageant l'espace urbain et en offrant des lieux de pratique du roller. Enfin, il faut renforcer l'action communautaire. Il s'agit pour chacun d'agir aux niveaux éducation, formation et prévention. » En effet, les conséquences économiques ne sont pas seules en jeu, on note aussi, après les chocs, des répercussions psychologiques et physiologiques parfois irréversibles.
Les médecins peuvent s'engager dans l'urgence des soins, mais aussi dans l'épidémiologie pour permettre de mieux cerner le problème et comprendre ce phénomène encore assez récent.
Colloque organisé par le CFES (Comité français d'éducation pour la santé), l'InVS (Institut de veille sanitaire), le CIRPAE (Centre d'information et de rencontre pour la prévention des accidents d'enfants), l'assurance-maladie, Assureur prévention santé et la CSC.
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