E N 1998, une étude britannique portant sur 600 sujets rapportait que l'appendicectomie avant l'âge de 20 ans pouvait réduire le risque ultérieur de survenue d'une rectocolite ulcéro-hémorragique (RCH) (« le Quotidien » du 2 octobre 1998). Mais, dans ce premier travail, l'incidence d'appendicectomie chez les sujets contrôles était de 19 %, alors qu'en pratique quotidienne elle est se situe aux alentours de 7 % ; ce qui a conduit à mettre en place de nouvelles études sur le sujet. Certains gastro-entérologues ont pourtant proposé, au vu de ces résultats, de pratiquer des appendicectomies prophylactiques chez des sujets à risque élevé de RCH. « Cette corrélation ne semble pourtant pas vérifiée en pratique puisque le nombre d'appendicectomies a nettement baissé au cours des cinquante dernières années en Grande-Bretagne et en Suède sans que l'incidence des RCH n'augmente pour autant dans ces pays », explique le Dr Roland Anderson (Karolinska Institute, Stockholm).
Afin de mieux préciser le lien entre les deux affections, une équipe de chirurgiens suédois a étudié une cohorte de 212 963 patients ayant subi, avant l'âge de 50 ans, une appendicectomie et a comparé leur devenir avec des témoins appariés.
Diagnostic macroscopique du chirurgien
Les participants de la cohorte, opérés entre 1964 et 1993, ont été suivi jusqu'en 1995 ; 304 personnes de la cohorte et 410 témoins ont développé une RCH au cours du suivi.
« Une corrélation entre l'intervention chirurgicale et l'absence de survenue de la maladie a été exclusivement mise en évidence chez les patients opérés en raison d'un appendicite (diagnostic macroscopique du chirurgien) ou d'une adénolymphite mésentérique. Mais cette corrélation n'a pas été retrouvée chez les sujets ayant subi une appendicectomie en raison de douleurs abdominales non spécifiques », expliquent les auteurs. Ces données suggèrent que c'est l'état inflammatoire qui précède l'appendicectomie, plus que le geste chirurgical lui-même qui protège du développement des RCH.
Par ailleurs, la relation inverse entre appendicectomie et risque de RCH n'a été observé que chez les personnes opérées avant l'âge de 20 ans.
Pour le Dr Anderson, « ce fait peut s'expliquer par une variation de la pathogenèse des appendicites selon l'âge ».
Les auteurs soulignent que leur étude est basée sur l'analyse macroscopique de la pièce opératoire par le chirurgien ce qui peut conduire à des bais quand on sait que 10 % des patients peuvent être considérés comme des faux positifs et 6 % comme des faux négatifs. Enfin, ils rappellent que, sur la base d'études épidémiologiques, on sait qu'un grand nombre d'inflammations de l'appendice se résolvent spontanément, ce qui pourrait introduire une certaine imprécision à cette étude.
« New England Journal of Medicine », vol. 344, n° 11, 808-814, 15 mars 2001.
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