C’est à la thématique des maladies chroniques que la 7e édition du Congrès de la médecine générale français a consacré ses sessions sous le soleil niçois. On pourrait penser qu’il s’agit d’une thématique quasi naturelle tant les coûts que génère leur prise en charge sont élevés – 65 milliards d’euros pour les
9millionsde patients en ALD – et tant la fréquence de ces maladies est importante en population générale. 20 % des Français souffrent de maladie chronique, 15 % des 15-24 ans en sont atteints et ce taux augmente naturellement avec l’âge.
Le généraliste est-il le bon professionnel pour suivre des maladies chroniques ? En tout cas, la loi HPST de 2009 le désigne de fait comme le professionnel ayant la compétence pour répondre au défi de la prise en charge des maladies chroniques. « Le diabète, l’HTA, les troubles dépressifs, l’insuffisance respiratoire, etc., représentent le quotidien du médecin généraliste, explique le Pr Serge Gilberg, président du comité scientifique du congrès. Et si un patient consulte pour une drépanocytose ou une sclérose en plaques, on va naturellement se renseigner et acquérir les compétences nécessaires à sa prise en charge. » Et au Pr Pierre-Louis Druais, président du Collège de la médecine générale de préciser que si « un médecin généraliste ne peut pas être l’expert de toutes les pathologies, il a la responsabilité de s’entourer du bon réseau d’experts?».
Dans un système de soins hyperspécialisé, on peut d’ailleurs se demander si le généraliste est le bon maillon de coordination pour la prise en charge. La question n’a pas manqué de se poser à Nice.
20 à 25 % des Français ont deux pathologies chroniques
De facto, les spécialistes d’organes, « par exemple les cancérologues n’ont pas la disponibilité pour gérer la phase chronique de la maladie. Toute cette partie du soin, de prévention secondaire ou tertiaire est de fait dévolue aux médecins traitants », explique le président du Collège.
L’un des mérites de ce congrès a aussi été de montrer que toutes les tentatives des pouvoirs publics d’organiser la prise en charge de ces pathologies lourdes et onéreuses, si elles ont le mérite d’exister, sont un peu vouées à l’échec car elles procèdent par pathologies. 20 à 25 % des Français ont au moins deux pathologies chroniques et ce chiffre les 70 % dès lors qu’on atteint l’âge de 80 ans, « sans compter l’influence du gradient social », précise Serge Gilberg.
La morbidité, véritable enjeu
Car le véritable enjeu des maladies chroniques, c’est la multimorbidité. Très peu d’études lui sont consacrées en France. Et, par nature, c’est en médecine générale que l’observation la plus juste peut avoir lieu. Selon une étude, un médecin généraliste consacre 3 heures et demie par jour à la prise en charge des dix principales maladies chroniques, soit 828 heures par an « Cela nécessite de réfléchir à ce qu’il est possible et nécessaire de faire, à ce qu’on peut déléguer et partager ». Le quart des patients qui absorbent trois médicaments quotidiens déclarent le vivre comme un fardeau. N’oublions pas que la médecine générale se situe à la charnière des sciences humaines et sociales.
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