Modification du rythme et de la qualité

Quand le sommeil n’est plus ce qu’il était…

Publié le 16/11/2010
Article réservé aux abonnés

AVEC LE VIEILLISSEMENT, le sommeil se modifie au niveau de sa qualité comme de sa rythmicité. L’endormissement survient habituellement plus tôt avec un réveil plus précoce. « Le sommeil est plus discontinu, plus haché avec des micro-éveils dont le sujet ne garde pas toujours le souvenir le lendemain. La durée du sommeil nocturne diminue alors qu’une sieste en milieu de journée est souvent nécessaire », explique le Dr Fannie Onen (gériatre, hôpital Bichat, Paris).

La pratique d’une sieste (d’une demi-heure environ) en début d’après-midi est ainsi tout à fait normale.

En revanche, la sieste revêt un caractère pathologique si elle survient dans la matinée après le petit-déjeuner ou dans la deuxième moitié de l’après-midi.

Cet effet du vieillissement est plus ou moins marqué selon les sujets. Il est aggravé par certains comportements ou modes de vie. Ainsi la personne âgée, peu active physiquement, qui sort peu, qui ne voit pas la lumière du jour aura un sommeil plus fractionné, encore plus léger avec un rythme veille-sommeil perturbé. De même, la personne âgée qui consomme des excitants (café, thé...) après 17 heures, aura du mal à s’endormir.

Il ne faut pas oublier aussi qu’il existe des « petits » et des « gros » dormeurs.

Dans ce cadre, l’insomnie pourrait se définir comme une insuffisance ressentie par le patient, de l’installation ou du maintien du sommeil ou d’une mauvaise qualité restauratrice, associée à des retentissements diurnes à l’état de veille : fatigue, perte de concentration, manque de mémoire, morosité, irritabilité…

L’insomnie qui cache quelque chose.

L’insomnie est le plus souvent un symptôme avec de nombreuses étiologies qui sont souvent associées entre elles (psychiatriques, psychologiques, organiques, iatrogènes…).

« L’insomnie primaire n’existe quasiment pas chez le sujet âgé. L’insomnie cache souvent une polypathologie et/ou une polymédication. Il peut s’agir d’une douleur d’arthrose, d’une insuffisance respiratoire ou cardiaque, d’un RGO, de problèmes urinaires, d’une dépression, d’un syndrome des jambes sans repos… », déclare le Dr Fannie Onen. « Il est important d’interroger le sujet, mais aussi son entourage sur l’ensemble du cycle veille-sommeil. »

Apnées du sommeil.

« Une pathologie souvent sous-diagnostiquée est le syndrome d’apnées du sommeil. Sa prévalence qui est de l’ordre de 5 % dans la population générale, augmente avec l’âge et chez les personnes âgées de plus de 70 ans, elle dépasse 25 % », explique le Dr Fannie Onen. Elle doit être suspectée devant un ronflement important, des pauses respiratoires, une somnolence diurne excessive… Non traitée, elle expose à de nombreuses complications telles que les événements cardiovasculaires et les accidents vasculaires cérébraux ainsi qu’à des altérations des fonctions cognitives. La somnolence diurne peut aussi engendrer des accidents de toute sorte, notamment des chutes responsables de fractures. Son diagnostic repose classiquement sur un enregistrement polygraphique du sommeil.

« Il existe également un test de dépistage des apnées du sommeil validé chez le sujet âgé institutionnalisé ou hospitalisé : le ONSI (Observation-based Nocturnal Sleep Inventory). Il s’agit d’un inventaire du sommeil comportemental qui permet aux équipes de nuit de repérer les épisodes de ronflements et d’apnées chez les personnes âgées », ajoute le Dr Fannie Onen.

« Le traitement dépend à la fois de la sévérité du syndrome, mais aussi des comorbidités associées, des fonctions cognitives, du retentissement diurne (somnolence) et de l’état d’autonomie su sujet. La ventilation en pression positive continue pendant le sommeil est le traitement le plus efficace sur les apnées sévères. Néanmoins, sa faisabilité doit être appréciée par une évaluation gériatrique approfondie avant même la réalisation de la polysomnographie. Quelle que soit la décision thérapeutique retenue, il faut éviter les hypnotiques chez ces sujets et manier avec une grande précaution les médicaments à effet sédatifs tels que les antalgiques majeurs. »

Hygiène de vie.

La prise en charge des troubles du sommeil commence toujours par des mesures d’hygiène de vie : heure de lever fixe, activité physique le matin ou en début d’après-midi, éviter la consommation d’excitants après 17 heures, favoriser les échanges sociaux, les sorties…

« La prise en charge des troubles du sommeil du sujet âgé est souvent insuffisante et inadaptée, sanctionnée le plus souvent par la prescription d’un hypnotique », déclare le Dr Fannie Onen. À cet égard, il convient de rappeler les règles de prescription des hypnotiques : une courte durée (inférieure à quatre semaines, de manière discontinue (2 ou 3 fois par semaine), diminution des doses de moitié, choix d’un hypnotique à demi-vie courte…

Il faut être vigilant en ce qui concerne les effets indésirables les plus délétères de ces molécules (altération de la vigilance avec chutes, trous de mémoire…) et les utiliser à bon escient.

CHRISTINE FALLET

Source : Le Quotidien du Médecin: 8856