C'est arrivé le 13 janvier 1950

Purge médicale au Kremlin

Publié le 13/01/2014

Le complot des blouses blanches du Kremlin. La purge contre les médecins juifs de Staline fut lancée le 13 janvier 1953 à travers un article de la Pravda au titre sans équivoque : Sous le masque des médecins universitaires, des espions tueurs et vicieux ». Etaient visés les médecins du Kremlin, d’où le nom de « complot des blouses blanches ». Neuf praticiens, dont six sont juifs, furent alors arrêtés sous le prétexte d’être sur le point d’assassiner d’importantes personnalités soviétiques, telles Ivan Koniev, Alexandre Vassilievski ou Leonid Govorov et d’avoir déja organisé en 1948, l’empoisonnement de Jdanov, intime de Staline et créateur du Komintern.

[[asset:image:1536 {"mode":"small","align":"left","field_asset_image_copyright":["DR"],"field_asset_image_description":["Le ma\u00eetre du Kremlin va lancer le 13 janvier 1953 une purge contre ses m\u00e9decins d\u0027origine juive\r\n"]}]]

Dès 1945, l’antisémitisme avait fait son retour en URSS. Insidieusement, dans un premier temps, puis officiellement, en janvier 1949, lorque la presse soviétique lance une campagne contre « le cosmopolitisme sans racines ». La haine anti-juive monta encore d’un ton en décembre 1952 quand, lors d’une réunion du Politburo, Staline martela : « Tout sioniste est l'agent du service de renseignement américain. Les nationalistes juifs pensent que leur nation a été sauvée par les États-Unis, là où ils peuvent y devenir riches, bourgeois. Ils pensent qu'ils ont une dette envers les Américains. Et, parmi mes médecins, il y a beaucoup de sionistes ».

La campagne anti-sioniste arriva donc à son comble ce fameux 13 janvier 1953 avec l’arrestation des blouses blanches du Kremlin. Vinogradov, le médecin personnel de Staline et le général médecin-chef de l’Armée Rouge, Miron Vovsi faisaient partie des inculpés. Dans un premier temps, 37 médecins ou pharmaciens juifs furent mis sous les verrous mais bientôt ce sont quelques centaines de Juifs qui se retrouvèrent dans les geôles soviétiques, dont Marie Weizmann, la sœur de Chaïm Weizmann, premier président élu d’Israel.

En Occident, alors que Churchill et Einstein protestaient avec véhémence auprès des autorités soviétiques, on put lire dans « L’Humanité » : « Lorsque, en Union soviétique, est arrêté le groupe des médecins assassins travaillant pour le compte des services d’espionnage terroristes anglo-américains […], alors, la classe ouvrière applaudit de toutes ses forces ».

Mais la mort de Staline, le 5 mars 1953 allait bouleverser la donne. Beria, le nouveau-vice président, annonca, en effet, dès le 5 avril suivant que l'arrestation des neuf médecins était « illégale et sans fondement » et que les aveux avaientt été obtenus « par des moyens strictement interdits par la loi ». Le 6 avril, la Pravda rendit cette décision publique et annonça que le complot des médecins n'ayant jamais existé, ces derniers étaient réhabilités.

Des neufs médecins arrêtés, sept seulement seront libérés, les deux autres étant probablement morts au cours des interrogatoires.


Source : lequotidiendumedecin.fr