Un taux de naissances vivantes élevé

Prélever de 15 à 20 ovocytes pour réussir une FIV

Publié le 13/05/2011
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Crédit photo : S Toubon

L’OBJECTIF fondamental de toute fécondation in vitro est d’aboutir à la naissance d’un enfant vivant. Ce qui peut sembler une évidence a servi de moteur à une équipe britannique pour chercher un marqueur pronostique fiable du succès. Sesh Kamal Sunkara (Londres) et coll. se sont tournés vers le nombre de follicules prélevés. Des études avaient déjà suggéré un lien entre la réussite et leur quantité, mais les résultats étaient discordants, portaient sur les grossesses ou sur de petites cohortes. C’est donc en partant des grands nombres, plus de 400 000 cycles, que les Britanniques ont constaté qu’un maximum de naissances vivantes est relevé lorsque le nombre de follicules prélevés se situe entre 15 et 20.

Les chercheurs se sont intéressés aux cycles de FIV réalisés au Royaume-Uni entre 1991 et 2008, soit 400 135. Ils ont ensuite mis au point un modèle mathématique, un nomogramme, qui permet de considérer le nombre de follicules prélevés comme une variable continue. Il offre en outre une possibilité de stratification par tranches d’âges.

La courbe atteint un plateau.

Au cours de la totalité des prélèvements effectués, la moyenne était de neuf œufs. Le taux de naissances vivantes a été de 21,3 %, en ne tenant compte que de celles issues de FIV sur des follicules frais (non congelés). Le nomogramme établit une forte relation entre les deux critères. En effet, les naissances vivantes augmentent régulièrement avec le nombre de follicules jusqu’à 15. Puis la courbe atteint un plateau situé entre 15 et 20, pour décliner régulièrement au-delà.

Quant au lien avec les âges maternels, il est établi sur la période 2006-2007. Les femmes chez qui 15 œufs étaient prélevés ont été réparties en 4 groupes : 18-34 ans, 35-37, 38-39, 40 et plus. Les taux de naissances vivantes décroissent avec les tranches d’âges, respectivement à 40, 36, 27 et 16 %. Les chercheurs précisent que plus de la moitié des patientes se situaient dans le premier groupe. Mais celles de 40 ans et plus constituaient aussi un groupe à part entière, alors qu’au cours de la quarantaine, chaque année compte. Ainsi le taux de naissances vivantes établi à 11,9 % entre 40 et 42 ans, s’effondre à 3,4 % un à deux ans après chez les 43-44 ans.

L’établissement de ce seuil de prélèvement sera d’un grand intérêt dans le conseil à donner aux couples demandeurs de FIV. Actuellement la majorité des décisions de stimulation ovarienne en vue de FIV sont fondées sur des tests de réserve ovarienne. Ils offrent une bonne valeur prédictive sur le nombre d’ovocytes à prélever, mais faible quant aux chances d’obtenir un enfant vivant. L’intérêt de l’étude britannique sera de compléter les examens actuels afin d’optimiser le succès de la FIV tout en évitant les complications liées à une production excessive de follicules. En évitant de dépasser 18 prélèvements, le risque de syndrome d’hyperstimulation ovarienne se trouve minimisé.

Les auteurs en concluent à l’intérêt de protocoles de stimulation ovarienne modérés, plutôt que trop doux ou agressifs.

Human reproduction, édition en ligne doi :10.1093/humrep/der106.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8962