Parfois, le hasard fait bien les choses. Dépité par ses remplacements en libéral, Frédéric Villebrun s’est tourné vers les centres de santé. Un mode d’exercice qui non seulement a convaincu ce généraliste parisien de 38 ans de poursuivre sa carrière de médecin, mais l’a également incité à s’engager pour le défendre.
Au cours de ses années d’études, il se dirige d’abord vers la médecine générale, spécialité « la plus riche et variée » à ses yeux. Sa thèse passée, il débute « sans grand enthousiasme » comme remplaçant, en libéral. «?Mais vu le fonctionnement et les tâches administratives, je ne souhaitais pas m’orienter vers l’installation », reconnaît-il. Ayant le souhait de poursuivre une carrière en ville – et non à l’hôpital –, il se tourne vers les centres de santé. « Je ne connaissais absolument rien et n’avais aucun a priori », explique-t-il. Tout juste était-il imprégné d’idées reçues selon lesquelles « c’est moins intéressant et moins valorisant ». Dans le Val-de-Marne, il intègre l’équipe médicale d’un centre de santé municipal. L’entourage de professionnels, la possibilité de déléguer certaines tâches, d’accéder au second recours ou encore d’orienter ses patients vers une aide sociale, ce challenge lui plaît. « C’est confortable, pour travailler, de ne pas être seul face aux patients », confie-t-il.
« Coup d’essai »
Conquis par ce qu’il considérait comme « un coup d’essai », il rejoint en 2012 une structure comparable en Seine-Saint-Denis dont il devient le directeur médical. Et s’investit rapidement dans la représentation du secteur : le voilà bientôt secrétaire général de l’Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS) !
« Convaincu qu’il y avait des choses à développer pour ce mode d’exercice », il s’engage pour « promouvoir cette alternative qui permet de sortir de l’hôpital et du libéral ». Depuis la création de centres de santé, l’avenir semble s’éclaircir. Le jeune généraliste rappelle cette période pas si lointaine où les actes des médecins y exerçant étaient décotés par rapport à ceux de leurs confrères libéraux. Et de se réjouir du nouvel accord national conclu cet été avec la Cnamts, qui transpose aux anciens dispensaires la rémunération des équipes au sein des maisons pluriprofessionnelles.
Pas encore suffisant pour Frédéric Villebrun qui plaide pour le développement de ces structures de médecine salariée : « Un nombre croissant d’internes souhaite être salarié et en ville ». « De nombreuses communes ont ouvert des centres, mais il reste encore beaucoup de zones blanches », ajoute celui qui voit dans ces structures un remède à la crise démographique. Au sein de la «?Grande conférence de santé », mais aussi du Collège de la médecine générale dont il est l’un des plus jeunes membres du bureau, il en est sans doute le meilleur avocat.
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