Post-infarctus : la recherche patine

Publié le 03/09/2015
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ALBATROSS, PROMPT, CIRCUS… 3 études sur 3 approches censées améliorer le pronostic après un infarctus, 3 échecs qui soulignent les difficultés de la recherche dans ce domaine complexe.

Dans le cas d’ALBATROSS, les chercheurs menés par le Pr Gilles Montalescot, chef du service de cardiologie médicale de la Pitié Salpêtrière (AP-HP), ont tenté une initiation précoce d’un traitement par antagoniste de l’aldostérone, dans les 12 à 24 heures qui suivent les premiers symptômes. Les chercheurs de l’université américaine de Columbia ont, quant à eux, posé un stimulateur en périphérie de la région infarcie après un événement grave afin d’éviter le remodelage du ventricule gauche. Enfin, Le Pr Michel Ovize, de l’Hôpital Louis Pradel (Hospices civils de Lyon) s’est attaqué plus spécifiquement aux dommages liés à la reperfusion par l’injection de cyclosporine quelques heures avant l’intervention. Dans les trois cas, aucune amélioration n’a été constatée en termes de mortalité, aggravation de l’insuffisance cardiaque et autres complications.

Si l’échec de PROMPT était prévisible - les précédentes tentatives n’étaient déjà pas concluantes - ALBATROSS et de CIRCUS s’appuyaient sur de nombreuses preuves expérimentales dans des études de phase I. « On observe depuis quelques années des énormes différences entre les données précliniques et les données de phase 3 sur tout un tas de molécules », constate le Pr Ovize. Depuis 15 ans, la mortalité a été réduite de moitié grâce à la réduction de la durée de l’ischémie, aux nouvelles techniques de reperfusion et à la stabilité de la plaque, mais « il devient difficile de progresser d’avantage », poursuit le Pr Montalescot.

La diminution des dommages liés à la reperfusion constitue une source de frustration depuis 20 ans. Les mécanismes sont connus, mais la bonne molécule pour les empêcher fait toujours défaut. « Il faut remettre en cause notre façon de penser, reconnaît le Pr Ovize. Si une molécule seule ne fonctionne pas, il faut tenter des associations. Il faut aussi combiner le conditionnement et le post-conditionnement ischémiques avec les approches pharmacologiques. »

Retrouver notre entretien avec le Pr Michel Ovize sur lequotidiendumedecin.fr

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du Médecin: 9429