L' ANNÉE 2000 avait commencé brillamment pour les actions surtout pour celles émises par des sociétés de la nouvelle économie. Les performances alors enregistrées ont convaincu les réticents à abandonner la sécurité des placements dits de taux (contrats d'assurance vie en francs, SICAV ou FCP monétaires, obligations) au profit des actions. Mais beaucoup d'épargnants avaient oublié que les cours boursiers pouvaient être très volatils. Ils envisagent à présent de faire la démarche inverse.
En 2000, c'est essentiellement l'immobilier et les placements investis dans des produits dont l'évolution dépend de celle des taux d'intérêt qui ont affiché les meilleures performances. Ainsi, l'immobilier parisien de rapport a affiché une hausse moyenne de 17 %, les contrats d'assurance vie « classiques » ont offert des rendements qui ont pour certains, dépassé largement 6 %, alors que, à l'autre bout de l'échelle, les SICAV investies en actions françaises ont perdu 1,26 %, les SICAV or et matières premières près de 30 %, et l'indice Nasdaq (valeurs technologiques cotées aux Etats-Unis) est passé de 5 048 points à moins de 2000 en 13 mois. Faut-il en conclure qu'en 2001, il faut retourner vers les placements sans risques ? Certainement pas. Un investissement ne se juge pas sur une année, surtout un placement boursier. De plus, il est impossible de prédire aujourd'hui si les performances 2001 seront comparables à celles de 2000 ou de 1999.
En fait, un patrimoine ne se gère pas au gré des tendances du moment mais se compose en fonction de ses possibilités d'épargne. On doit tenir compte de ses objectifs, de son goût du risque, de son âge, de sa situation de famille. C'est ce qu'ont oublié tous les épargnants qui, sur un coup de tête en février 2000, ont vidé leur plan d'épargne logement pour acquérir des actions de la nouvelle économie. Ils ont oublié qu'on ne doit jamais jouer en Bourse l'épargne dont on risque d'avoir besoin.
Le point sur les performances 2000
En règle générale, une Bourse mauvaise redonne aux investisseurs le goût de l'immobilier locatif. Mais, la hausse des prix constatée depuis deux ans a fait chuter les rendements. De plus, la fiscalité réduit encore la rentabilité de ce type de placement ; les revenus fonciers sont imposés au taux marginal du barème progressif de l'IRPP (impôt sur le revenu des personnes physiques). Il ne faut pas oublier que s'y ajoutent ensuite 10 % de prélèvements sociaux, les 2,5 % de contribution représentative des loyers (la CRL remplace la taxe additionnelle) et les impôts fonciers (entre un mois et un mois et demi de loyers). D'où un rendement net peu élevé si vos revenus sont imposés au-dessus de 40 %.
Jouer la plus-value n'est guère plus certain en ce moment. Les biens sont devenus chers à Paris comme dans certaines métropoles de province et les bonnes affaires deviennent rares.
De même, si en 2000, les contrats d'assurance vie investis en obligations ont affiché des performances largement supérieures à celles des contrats multisupports comportant essentiellement des actions, il ne faut pas en déduire que vous avez fait une erreur en souscrivant un contrat en unités de compte. Les performances des actions, qu'elles soient acquises en direct ou par le biais d'un contrat multisupports, doivent être analysées sur le long terme et les rendements de 1999 n'ont pas été entièrement annulés par les mauvais résultats 2000. Il ne faut pas oublier qu'entre le 31 décembre 1990 et le 31 décembre 2000, le CAC 40 a gagné 290,4 %. Conservez donc votre contrat multisupports.
Sachez toutefois, que l'on ne doit pas investir toutes son épargne sur un même support, il faut la répartir entre le support sécuritaire investi en obligations et les supports plus dynamiques placés plus ou moins majoritairement en actions. La répartition varie selon l'âge et l'utilisation que l'on souhaite faire du capital ainsi constitué. Plus on se rapproche de la date d'utilisation du capital accumulé ou plus on avance en âge, plus il faut renforcer la part de son épargne allouée aux supports sécuritaires pour se mettre à l'abri d'une contre-performance boursière.
La remontée des taux d'intérêt enregistrée en 2000 mais plus encore la multiplication des banques en ligne, ont entraîné une surenchère sur les taux de rémunération proposés pour des livrets bancaires. Il est dorénavant possible de placer jusqu'à 10 millions de francs à 5,30 % brut (3,975 % net) voire même à 5,5 % (4,13 % net) si on accepte une immobilisation d'un mois au moins, pour 2 millions de francs maximal. Un taux qui peut se révéler intéressant pour placer son épargne de trésorerie, c'est-à-dire pour les sommes qui dorment sur votre compte en attente du paiement de vos cotisations sociales, de factures ou d'une remontée des cours boursiers. Et qui sait, si vous le lui demandez, votre banquier habituel vous proposera peut-être une rémunération équivalente sur un compte à intérêt progressif ou sur un super-Codevi.
Quelles conclusions ?
Le changement de paysage conjoncturel aux Etats-Unis, les corrections boursières en cours, l'Europe encore (pour combien de temps ?) à l'écart des perturbations économiques, rendent difficile les définitions de stratégies patrimoniales. Il semble que, pour l'heure, mieux vaut jouer à court terme la carte de la prudence. Ce qui concrètement signifie qu'il vaut mieux placer pour un temps ses économies sur des placements sûrs comme les livrets bancaires, les comptes à terme, les contrats d'assurance vie en francs. Il sera temps de revenir vers des produits plus rémunérateurs mais plus risqués quand la situation sera clarifiée.
D'autre part, il faut profiter plus que jamais des avantages offerts par certaines enveloppes.
C'est notamment le moment de redécouvrir les charmes du plan d'épargne populaire qui, même géré sous une forme plus dynamique (PEP dit boursier), garantit au souscripteur de retrouver le capital investi après 8 ans.
Quant à ceux qui voient s'écrouler leur portefeuille boursier, mieux vaut jouer la carte de la patience pour les actions de l'ancienne économie. En revanche, il faut surveiller les cours des titres de la nouvelle économie pour les céder au moindre signe de reprise. Même si tous le spécialistes de ces valeurs n'envisagent pas d'embellie des cours avant un an. Prudence donc pour l'instant.
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