Les journalistes sont d’admirables donneurs de leçons. Ils font leur miel des échecs. Et distillent la bonne parole avec constance. Quant aux entreprises, elles optent plutôt pour la maîtrise de l’information, traduisons la communication. Le choc des cultures dans ces conditions est frontal.
Pourtant dans ce domaine, la fatalité n’est pas toujours programmée. À certaines occasions, la rencontre est productive surtout lorsque l'on conjugue les deux cultures, celle de l’entreprise et du journalisme comme Christine Kerdellant. À cet égard, on ne saurait trop recommander la lecture cet été de son dernier livre, Ils se croyaient les meilleurs, histoire des grandes erreurs de management*. Au-delà du plaisir peu charitable à se délecter des bides des autres, surtout lorsqu’ils sont riches et puissants, le livre distille une vraie leçon de savoir-vivre, celle de l’humilité. Le succès insolent de Google cache une liste impressionnante de projets avortés de ratages complets, à l’instar de Google Health, un service d’archivages médicaux (2008-2012).
Face à l’erreur, nous sommes tous égaux Steve Job, Bill Gates… et moi. J’ai donc toute ma chance d’avoir un jour une idée de génie… avec de surcroît le droit d’échouer. Cent cinquante erreurs de management sont ici analysées avec brio et un sens peu commun dans ce style d’ouvrage de la narration. Le stylo de l’auteur relève d’ailleurs du scalpel lorsqu'il s’agit d’extirper la vérité nue dissimulée par les messages des communicants ou l’oubli.
Cette analogie entre le manager et le médecin n’est d’ailleurs pas un simple exercice de style. Christine Kerdellant relève plusieurs points communs entre les deux métiers, celui d’établir davantage de bons diagnostics que de faux et de changer de cap en cas d’erreur. Mais attention toutefois, le recours à la chirurgie esthétique, au lifting, pour rajeunir une marque peut s’avérer inutile. Les individus comme les marques sont menacés de mort. Manque toutefois à l’ouvrage un chapitre consacré à l’industrie pharmaceutique.
En attendant, à tous les gourous du management on privilégiera la lecture de Francis Blanche qui nous avait livré cette sentence définitive : « Il vaut mieux penser le changement que changer le pansement. »
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