Alors qu'il se rendait en voiture au commissariat de Saint-Malo pour procéder à un examen médical d'aptitude au maintien en garde à vue, un médecin généraliste de SOS Médecins s'est retrouvé bloqué et chahuté par un groupe de Gilets jaunes. Violemment pris à partie alors qu'il était au volant de son véhicule, le praticien a décidé de porter plainte.
Noms d'oiseaux
La scène, dans un climat de grande confusion, se passe samedi 5 janvier en début d'après-midi. Des manifestants sont réunis aux abords du poste de police après l'interpellation de deux d'entre eux, raconte « Ouest-France ». Lors d'un affrontement avec les forces de l'ordre quelques minutes seulement avant l'arrivée du médecin, l'une des manifestantes a été victime d'une violente chute. Voyant le véhicule siglé « SOS Médecins » arriver, le groupe de Gilets jaunes se précipite pour lui demander d'examiner leur camarade.
« Ils ont d'abord essayé de m'empêcher d'accéder au commissariat puis ils ont voulu me sortir de la voiture pour que je m'occupe des uns et des autres », raconte ce lundi le généraliste au « Quotidien ». « Je leur ai fait valoir que les pompiers allaient arriver et que c'était leur rôle d'intervenir et pas le mien et qu'a priori il n'y avait pas d'urgence vitale », poursuit-il. « C'est là qu'ils ont commencé à taper sur ma voiture, à monter sur le capot et à me traiter de noms d'oiseaux. »
Le médecin a alors accéléré, traînant sur plusieurs mètres un manifestant accroché à son pare-brise et provoquant la colère des participants qui ont couru derrière la voiture. La scène, surréaliste, a été filmée et diffusée sur Internet.
En voiture vous foncez sur les piétons ?
— Saint Malo Insoumise n°1353 (@StMaloInsoumise) 7 janvier 2019
Quand vous êtes médecin vous n'êtes pas soumis à l'Article 9 (article R.4127-9 du code de la santé publique (assistance à personne en danger) ?
Et comme vous dites la #bretagne c'est pas cela. pic.twitter.com/MXsS9TK0TD
Accusé de refus de soin et de non-assistance à personne en danger sur les réseaux sociaux, le médecin veut se défendre. « Je n'ai pas l'intention de me laisser faire », assure-t-il après avoir déposé plainte pour « agression d'un professionnel de santé dans l'exercice de ses fonctions de service public ».
C'est la deuxième fois en une semaine que le praticien breton subit des violences. La première pour un oubli de clignotant sur un rond-point. « Ça commence à suffire », se désole l'homme de 57 ans. « On travaille déjà suffisamment pour ne pas avoir besoin de ce genre de stress ! »
« On représente une forme d'autorité »
Aussitôt après l'agression, il a contacté les représentants de la fédération locale de SOS Médecins avec laquelle il explique avoir réfléchi à exercer son droit de retrait sur la région. « Très affecté » par l'événement, il concède avoir pris rendez-vous avec un médecin légiste pour réclamer une incapacité totale de travail (ITT).
Quant à la nature des manifestants qui l'ont pris à partie, le praticien se veut lucide. « On a affaire à des gens qui ne sont pas des Gilets jaunes mais des agitateurs », tient-il à préciser en expliquant s'interdire toute forme de jugement sur le mouvement qui secoue la France depuis la mi-novembre. Pour lui, les médecins sont une cible de choix. « On représente une forme d'autorité pour ces gens-là et, manifestement, ils sont contre l'autorité. »
De leur côté, les Gilets jaunes impliqués dans l'incident ont annoncé à « Ouest-France » leur intention de porter plainte contre le médecin.
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